Où s’arrêtera Revolut qui voit sa valorisation grimper à 75 milliards de dollars ?

Revolut
Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

En dix ans, Revolut est passée du statut de fintech à celui de poids lourd de la finance, désormais valorisée 75 milliards de dollars. Mais sa croissance fulgurante attire aussi l’œil des autorités de contrôles qui s’inquiètent de sa capacité à rester dans les clous.

Revolut change de dimension. Dix ans après son lancement, la néobanque britannique est désormais valorisée 75 milliards de dollars à l’occasion d’une vente secondaire d’actions réservée à ses salariés. Un bond spectaculaire par rapport aux 45 milliards de l’an dernier, qui propulse la fintech vers les sommets de la hiérarchie des grands acteurs européens de la finance.

Avec une telle valorisation, Revolut dépasse en effet déjà certaines banques traditionnelles telles que KBC ou Deutsche Bank, et se rapproche de géants tels que BNP Paribas ou Santander. Le contraste est saisissant : en seulement dix ans, une start-up 100% digitale rivalise désormais avec des institutions établies depuis des décennies, dotées d’énormes réseaux d’agences et employant des milliers de personnes.

Devenir “l’Amazon” de la banque

Cette croissance fulgurante repose sur un modèle allégé de banque tout en ligne, sans agences. Son application est devenue un véritable couteau suisse financier : paiements, change, cryptomonnaies, épargne, gestion de patrimoine, abonnements premium… Jusqu’à la planification de voyages. L’ambition est claire : devenir “l’Amazon de la banque”, capable de concentrer dans une seule interface tous les besoins du client, du compte courant à l’investissement, en passant par l’épargne et les transferts internationaux sans frais.

Ce faisant, Revolut compte aujourd’hui 60 millions de clients à travers le monde, dont plus de 800.000 en Belgique, où elle a récemment lancé des comptes locaux “BE”, accompagnés d’une offre d’épargne à intérêts immédiats. Ses résultats financiers confirment la trajectoire : en 2024, son bénéfice net a plus que doublé, dépassant le milliard de dollars pour la première fois, ou 934 millions d’euros. De quoi réjouir les investisseurs. Selon le Financial Times, la fintech serait d’ailleurs en négociations pour une nouvelle levée de fonds, signe que l’appétit autour de la néobanque est loin de s’essouffler.

Une croissance surveillée de près

Mais ce succès attire aussi l’attention des régulateurs. À mesure que Revolut prend de l’ampleur et vise les 100 millions de clients dans 100 pays, les autorités de contrôle s’inquiètent de la rapidité de sa croissance, qui pourrait fragiliser ses dispositifs de contrôle interne face aux risques de fraude, de blanchiment d’argent ou de défaut d’information des clients.

Le mois dernier, le gendarme italien de la concurrence a ainsi ouvert une enquête pour “pratiques commerciales trompeuses” concernant certaines offres d’investissement, estimant que les messages marketing de Revolut pouvaient induire en erreur les consommateurs. Ce n’est pas la première fois que la néobanque est interpellée sur ces questions. La néobanque affirme prendre ces critiques “très au sérieux” et promet de respecter les normes les plus strictes en matière de conformité et de protection des clients.

Bref, si Revolut séduit les clients par son agilité et son modèle digital sans frontières, son avenir dépendra donc aussi de sa capacité à se fondre dans le cadre réglementaire bancaire de plus en plus exigeant.

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