Mais où est donc passée la baisse des taux ?
Alors que cette année 2024 devait être celle d’une baisse rapide des taux directeurs des banques centrales, la perspective d’une forte diminution du loyer de l’argent s’éloigne.
Depuis la fin de l’an dernier, tous les économistes en parlent. Tous la voyaient arriver cette année. Avec un démarrage en juin. Voire au début du printemps. “Elle”, c’est bien sûr la baisse des taux d’intérêt.
Quatre mois plus tard pourtant, on n’a toujours rien vu venir. C’est même carrément la douche froide pour les plus optimistes qui misaient sur plusieurs baisses successives du loyer de l’argent cette année. Le mouvement tant attendu semble s’être évaporé. C’est tout juste si on ne parle pas de nouvelles hausses.
Patience aux Etats-Unis
Pour l’heure, le coupable désigné, c’est Jerome Powell, le patron de la banque centrale américaine. La Réserve fédérale (la Fed) a en effet maintenu mercredi ses taux inchangés à leurs niveaux actuels, entre 5,25 % à 5,50 %. “Il faudra probablement plus de temps pour que nous soyons certains que l’inflation retourne à son objectif de 2 %”, a expliqué Jerome Powell, au cours d’une conférence de presse organisée à l’issue de la réunion de politique monétaire de la puissante institution.
Certes, l’inflation aux États-Unis a baissé, mais pas suffisamment. Du fait du dynamisme de l’économie américaine, elle fait de la résistance. Pour autant, Jerome Powell a écarté la possibilité d’une nouvelle hausse de taux, décrivant cette perspective comme “improbable”. Une précaution oratoire qui vaut ce qu’elle vaut… et qui n’a que très peu rassuré. La déception est grande, en effet, pour les marchés qui ne parient plus maintenant que sur une seule baisse de taux avant la fin de l’année… contre six baisses en début d’année !
Prudence en Europe
Chez nous, la Banque centrale européenne (BCE) devrait, elle, bien réduire ses taux en juin. L’inflation en Europe semble désormais sous contrôle et sur le point de revenir à 2 %. Certains membres du Conseil des gouverneurs de la BCE se montrent néanmoins circonspects quant à la suite à donner aux événements. Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a souligné lundi que “la situation géopolitique, en particulier au Moyen-Orient, faisait peser un risque particulier sur l’inflation.” Klaas Knot, président de la banque centrale néerlandaise, estime pour sa part que, pour l’après juin, “il n’y a pas d’engagement préalable sur un calendrier spécifique”, a-t-il déclaré. Autre “faucon” sein du Conseil des gouverneurs, notre compatriote Pierre Wunsch met quant à lui en garde contre les effets d’une deuxième baisse dès juillet. “Cela pourrait laisser penser que nous assouplirons les taux à chacune de nos réunions, ce qui pourrait entraîner une réaction excessive sur le prix des obligations”, rapporte Les Echos ce jeudi.
Et donc ? Nous voilà prévenus : s’il y a encore des chances de voir les taux baisser cette année, il semble désormais de plus en plus probable que leur baisse sera nettement moins rapide qu’espérée.
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