Marc Raisière (CEO de Belfius) : ‘Nous allons relancer le bon de caisse’
Aujourd’hui, Belfius a fait part d’un bénéfice record de 1,12 milliard d’euros. Mais la leçon du bon d’État, qui a fait perdre quelque 3,5 milliards d’euros à la banque, a bien été retenue. “Dans le courant de l’année, nous allons relancer le bon de caisse en tant que produit financier “, a annoncé Marc Raisière, administrateur délégué de Belfius.
MARC RAISIERE (CEO BELFIUS). “Nous voulons proposer à nos clients une offre claire qui réponde à la durée d’un produit d’épargne ou d’investissement. Cela va d’un compte d’épargne avec un taux d’intérêt de base pour de l’argent que l’on veut pouvoir utiliser rapidement, à un compte d’épargne avec une prime de fidélité pour de l’argent que l’on peut en principe laisser pendant un an, en passant par un compte à terme, un bon de caisse, des obligations, des fonds d’investissement et des produits d’assurance de la branche 21 et de la branche 23. Mais dans tous les cas, nous ne proposerons pas cinq ou dix comptes d’épargne, comme dans certaines autres banques, ni de comptes où l’on ne peut épargner que 500 euros par mois. Ce client-là ferait mieux d’investir chaque mois ses 500 euros dans un fonds commun de placement”.
TENDANCES. Vous prônez la simplification du marché des produits d’épargne. Comment comptez-vous y parvenir ?
Le bon de caisse n’avait-il pas été déclaré mort ?
RAISIERE. “Nous allons relancer le produit dans le courant de l’année. Nous pensons que le bon de caisse mérite à nouveau une place dans la vitrine des institutions financières. En effet, nous pensons que les taux d’intérêt à court terme vont baisser dès cet automne, tandis que les taux à long terme vont se stabiliser à leur niveau actuel. Dans ces conditions, il peut être intéressant pour certains clients d’acheter un bon de caisse”.
Les politiques veulent réduire voire supprimer la prime de fidélité sur le compte d’épargne. Qu’en pensez-vous ?
RAISIERE. ” Je pense qu’il faut être prudent avec cela. Le client ne bénéficiera certainement pas d’un taux d’intérêt plus élevé, car, si nécessaire, nous devrons, en tant que banque, augmenter nos réserves de liquidités. Quant à l’impact d’une telle mesure sur les banques et l’économie, je plaide aussi pour la prudence et une analyse approfondie. Il s’agit de plus de 250 milliards d’euros d’épargne, presque entièrement utilisés pour financer l’économie belge. Si l’on touche du jour au lendemain à la prime de fidélité, on risque de perturber la stabilité de cette masse de dépôts.”
Le deuxième bon d’État n’est pas fiscalement avantageux comme le premier. Est-ce une bonne chose?
RAISIERE. “La chose la plus importante pour nous était que l’émission soit plafonnée. Cela nous permet de quantifier l’impact sur la banque. Ce plafond est essentiel. L’année dernière, 22 milliards d’euros ont quitté les banques, c’est bien plus que ce que l’on avait estimé. Des flux d’argent aussi illimités sont difficiles à gérer. On parle alors de sommes potentiellement importantes qui disparaissent du système financier”.
Le succès du bon d’État ne dépend-il pas en grande partie de l’avantage fiscal ?
RAISIERE. “Je n’entrerai pas dans ce débat, à savoir si la retenue à la source doit être de 15 ou de 30 %. Mais on peut aussi orienter de manière positive cet échange de point de vue. Si nous pensons qu’il faut encourager les Belges à investir dans des titres à revenu fixe, peut-être pourriez-vous tous les soumettre à un précompte mobilier de 15 % ?
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