L’inquiétude grandit en Europe après la chute des banques américaines
Les marchés sont nerveux après la faillite de la Silicon Valley Bank et la fermeture de la Signature Bank. La politique brutale de hausses de taux en cause. Le risque est-il limité ? D’autres secteurs pourraient suivre, dit l’économiste Geert Noels.
Le spectre de la crise financière de 2007-2008 réapparaît sur les marchés suite à la faillite de la Silicon Valley Bank et la fermeture de la Signature Bank. Les autorités américaines sont intervenues prestement pour garantir les dépôts. Mais les bourses sont fébriles et dévissent en Europe, ce lundi, le secteur bancaire étant particulièrement touché.
Même si la situation n’est pas comparable à la tempête d’il y a quinze ans, un basculement irrationnel n’est jamais à exclure. Car en toile de fond, les hausses répétées des taux d’intérêt par les banques centrales, pour juguler la forte inflation, fragilisent certains pans de l’économie.
Une politique de taux revue
« Durant tout le week-end, les autorités financières américaines ont tout fait pour endiguer les risques d’une contagion après l’effondrement de la Silicon Valley Bank, souligne Bernard Keppenne, chief economist de CBC, sur son blog. Les autorités financières ont appris de la crise financière de 2008, et elles ont annoncé toute une série de mesures pour stabiliser le système bancaire et permettre aux déposants de la SVB d’avoir accès ce lundi à leurs dépôts. » Cela aurait dû rassurer les marchés, mais ce n’est pas complètement le cas.
En tout état de cause, la Banque centrale américaine devrait en tirer les conclusions qui s’imposent, pour apaiser sa politique. « Conséquence de cette crise, ajoute Bernard Keppenne, la perspective d’une hausse de taux de 0.50% de la part de la FED est passée à la trappe, et même, selon Goldman Sachs, la FED ne devrait plus relever ses taux vu l’instabilité sur les marchés financiers. »
“La débâcle de banque SVB et le risque d’expansion à d’autres banques, laisse penser que les banques centrales, contraintes à la prudence, vont moins augmenter les taux que prévu, confirme Eric Dor (IESEG). Conséquence: même en zone euro, la courbe des taux se replie.”
Au tour de l’Europe ?
« Le bailout de la Silicon Valley Bank par la FED est logique, commente pour sa part Geert Noels, CEO de Econopolis. La politique de “l’argent facile” de la banque centrale fut une des causes principales, elle ne pouvait donc pas faire autrement que d’intervenir. Le risque de “Fallout” vers d’autres banques et secteurs économiques était trop grand. ».
“Les conséquences pour les marchés financiers sont grandes, prolonge Geert Noëls en soulignant que la FED doit revoir sa politique quelques jours à peine après un discours « faucon » de son gouverneur Jérôme Powell.
“La crise des banques aux Etats-Unis est bien freiné, ajoute encore l’économiste Geert Noels, mais ce risque va aussi émerger ailleurs. En Europe aussi, certains autres secteurs sont sensibles aux fortes hausses de taux: immobilier, entreprises criblées de dettes, start-ups, private equity…et surtout les pays aux dettes importantes. La Banque centrale européenne va-t-elle suivre ? »
Rappelons aussi que la notation de la Belgique a été dégradée par l’agence Fitch en raison de son endettement trop élevé.
La Banque nationale attentive
La Banque nationale de Belgique (BNB) suit la situation de près, mais se veut rassurante à propos de la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB). Le modèle économique de cet établissement n’est pas comparable à celui en vigueur dans le paysage bancaire belge. L’exposition de notre pays serait très limitée.
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