Les syndicats en colère contre le dividende “indécent” versé à BNP Paribas Fortis

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Le syndicat libéral CGSLB a annoncé mercredi la tenue d’actions de protestation en janvier dirigées contre l’ampleur des dividendes versés par la banque BNP Paribas Fortis, anciennement Fortis Banque, à sa maison-mère française, le groupe BNP Paribas.

Les actionnaires de la banque BNP Paribas Fortis, réunis mercredi en assemblée générale extraordinaire, ont approuvé, sans surprise, la proposition de paiement d’un “dividende intercalaire” de 4,15 euros brut par action, ce qui représente un montant total de quelque 2,005 milliards d’euros, a annoncé la banque.

Ce dividende sera distribué ce jeudi 24 décembre aux actionnaires de la banque, soit essentiellement le groupe BNP Paribas qui possède plus de 99,9% des plus de 483,241 millions d’actions de la banque belge.

Le versement de ce dividende exceptionnel est fortement contesté par les syndicats alors que la banque belge a adopté un plan stratégique prévoyant la suppression nette de 1.050 postes en trois ans.

La CGSLB a ainsi annoncé mercredi l’organisation “d’actions de protestation” dans le courant du mois de janvier 2016. La nature de ces actions sera précisée ultérieurement.

Le syndicat libéral dénonce une politique de dividendes “indécente” et dit craindre un “démantèlement financier” de la banque belge. “En 2015, BNP Paribas Fortis aura transféré à sa maison-mère 3,25 milliards d’euros (1,25 milliard comme dividende début d’année et 2 milliards comme dividende extraordinaire de fin d’année). Cela se produit après que l’Etat Belge ait revendu ses parts (25%) dans BNP Paribas Fortis en 2013 pour la même somme de 3,25 milliards d’euros”, a déploré le syndicat dans un communiqué.

“Près de 200.000 euros par travailleur en Belgique”

Dans ce contexte, les syndicats CNE et Setca ont organisé une action symbolique ce mercredi matin devant le siège liégeois de la banque. L’objectif était de sensibiliser les employés à la suite du versement de ce dividende exceptionnel. Des bouteilles d’eau ont été distribuées symboliquement au personnel pour “faire passer la pilule”, explique Tommy Wyseur, délégué CNE.

Pour Tommy Wyseur, délégué CNE, le capital de BNP Paribas Fortis est géré de manière saine mais “il est important de considérer que ce sont 2 milliards d’euros qui quittent le territoire belge pour renforcer les fonds propres du groupe, alors que 2.500 postes vont disparaitre”.

Parmi ces 2.500 emplois, il faut prendre en compte les départs naturels qui vont être compensés par de nouveaux engagements. Au final, environ 600 personnes seront difficiles à recaser, et 1.050 postes seront supprimés. En cause, l’évolution de la banque et la restructuration du réseau suite à la numérisation de nombreuses données bancaires.

L’initiative de ce mercredi matin était une action “clin d’oeil” qui visait surtout à ce que le transfert ne passe pas inaperçu. “Il n’y a plus rien à faire pour ces 2 milliards d’euros, c’est trop tard. Mais nous demandons, pour l’avenir, un peu plus de décence au niveau du personnel. On est considéré comme un coût, jamais comme une richesse, ce qui est une erreur”, conclut Tommy Wyseur.

S’il a cédé sa participation dans l’ancienne Fortis Banque, l’Etat belge reste le principal actionnaire de BNP Paribas, avec, au 30 juin 2015, une part de 10,3% du capital de la maison-mère de BNP Paribas Fortis. Les actionnaires de BNP Paribas Fortis ont par ailleurs approuvé mercredi la nomination de Thierry Laborde comme administrateur de la banque. L’homme était auparavant directeur général adjoint de BNP Paribas et succède à François Villeroy de Galhau.

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