La Russie, un risque d’une taille similaire à Lehman Brothers…
Le pays ne paie déjà plus aux étrangers les coupons de sa dette en roubles.
Faisons le compte. La dette étrangère détenue par les entreprises financières et non financières russes est estimée par la banque centrale russe à un peu plus de 380 milliards de dollars. Selon la Bourse de Moscou, les investisseurs étrangers détiennent un peu plus de 85 milliards de dollars d’actions russes, à quoi il faut ajouter un bon 60 milliards de dollars d’obligations (libellées en roubles ou en devises) qui sont également dans des mains étrangères. Pour l’étranger, le risque russe se monte donc à 530 milliards de dollars environ. C’est grosso modo la taille des actifs de Lehman Brothers avant son effondrement en septembre 2008.
Un risque financier qui s’est déjà matérialisé hier, puisque la Banque de Russie interdit désormais le paiement des coupons aux investisseurs étrangers qui détiennent des titres de dette souveraine libellés en roubles. Les entreprises russes ne peuvent également plus verser de dividendes aux actionnaires étrangers.
Une décision qui ne s’apparente pas encore, pour les marchés, à un défaut de paiement parce que techniquement, il faudrait que la Russie cesse de payer les intérêts sur sa dette en devises (en euros, en dollars…) pour que la défaillance soit vraiment actée. Mais les agences de notation ne s’y sont pas trompées et la signature russe est désormais considérée comme pourrie (“junk”, dans le jargon).
Mercredi, l’agence Moody’s a en effet réduit la note russe, qui est une estimation de la capacité du pays à rembourser ses dettes, de Baa3 à B3. Fitch l’a abaissée de six crans en la faisant passer BBB à B. La semaine dernière, S&P, la troisième grande agence de notation, avait déjà réduit la signature russe au statut de “junk”.
“La sévérité des sanctions internationales en réponse à l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie a accru les risques pour la stabilité macro-financière, représente un choc énorme pour les fondamentaux du crédit de la Russie et pourrait miner sa volonté d’assurer le service de la dette publique”, souligne Fitch.
Face au train de sanctions déployées en quelques jours par la communauté internationale, mais aussi face à la réaction des marchés dans lesquels beaucoup d’opérateurs ont spontanément arrêté de négocier des actifs russes – actions, obligations et surtout matières premières (70% du pétrole russe a aujourd’hui du mal à trouver preneur) – et face aux retraits du pays de multiples sociétés occidentales, la capacité de l’économie russe à rembourser ses dettes est clairement affectée.
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