La Banque de Norvège a annoncé une baisse surprise de son taux directeur de 0,25 point à 4,25%, et envisage une nouvelle réduction d’ici la fin de l’année. La banque centrale suisse a elle abaissé son taux directeur d’un quart de point de pourcentage pour le ramener à 0%.
La banque centrale norvégienne n’avait pas modifié son taux depuis décembre 2023, justifiant son refus de le baisser en raison d’une inflation toujours trop élevée. “L’inflation a diminué depuis la réunion de politique monétaire de mars, et les perspectives d’inflation pour l’année à venir indiquent une inflation plus faible que prévu”, a déclaré la gouverneure Ida Wolden Bache dans un communiqué. “La normalisation prudente du taux directeur va ouvrir la voie à un retour de l’inflation vers l’objectif, sans restreindre l’économie plus que nécessaire”, a-t-elle ajouté.
Principal indicateur observé par la banque centrale, l’inflation sous-jacente a ralenti à +2,8% en mai, se rapprochant de l’objectif de 2% fixé à la politique monétaire. Les économistes s’attendaient à un statu quo sur les taux, n’anticipant pas de baisse avant septembre. La Banque de Norvège souligne que “l’incertitude entourant les perspectives est plus grande que d’habitude”.
“Une escalade des conflits entre pays et l’incertitude quant aux futures politiques commerciales pourraient entraîner de nouvelles turbulences sur les marchés financiers et avoir un impact sur les perspectives de croissance norvégienne et internationale”, explique-t-elle. “Les perspectives économiques sont incertaines, mais si l’économie évolue globalement comme prévu actuellement, le taux directeur sera encore réduit dans le courant de 2025”, ajoute-t-elle. Pour les économistes de Capital Economics, la Banque de Norvège a pris une “décision surprise” mais elle ne montre “pas de précipitation pour une nouvelle réduction”.
Suisse: la banque centrale abaisse son taux directeur à 0%
La banque centrale suisse a abaissé jeudi son taux directeur d’un quart de point de pourcentage pour le ramener à 0%, s’abstenant pour l’instant de rebasculer en terrain négatif, malgré des perspectives qui “se sont assombries” pour l’économie mondiale.
La Banque nationale suisse (BNS) a abaissé sa prévision d’inflation pour 2025 à 0,2% (contre 0,4% auparavant) et à 0,5% pour 2026 (contre 0,8% précédemment) mais a laissé sa prévision de croissance inchangée, tablant toujours sur une progression du produit intérieur brut (PIB) entre 1% et 1,5%, a-t-elle indiqué dans un communiqué. “Les perspectives se sont assombries pour les trimestres à venir en raison de la montée des tensions commerciales”, a souligné l’institution monétaire dans le communiqué.
Dans son scénario de base, l’institut d’émission dit s’attendre à “un ralentissement de l’économie mondiale au cours des prochains trimestres”, estimant que l’inflation “devrait augmenter aux États-Unis”. En Europe, elle table en revanche sur “une nouvelle baisse de la pression inflationniste”. Mais ce scénario “reste entouré d’une grande incertitude”, a-t-elle précisé alors que “les barrières commerciales, par exemple, pourraient encore augmenter et freiner plus fortement l’économie mondiale”.
En Suisse, la pression inflationniste a diminué, a ajouté l’institution monétaire pour expliquer sa décision, se disant prête à rester active si besoin sur le marché des changes et à adapter sa politique monétaire si nécessaire. En amont de sa décision trimestrielle de politique, de nombreux économistes s’étaient interrogés quant à savoir si la BNS allait ramener son taux à 0% ou basculer en taux d’intérêt négatif comme cela avait été le cas pendant sept ans entre 2015 et 2022. Car la vague d’inflation en Suisse a été maîtrisée plus rapidement que chez ses voisins en Europe, l’indice des prix à la consommation étant même tombé en terrain négatif en mai, à -0,1%.