La justice ordonne à Veolia de suspendre le lancement de son OPA sur Suez
Branle-bas de combat après l’annonce de Veolia dimanche soir: la justice a ordonné lundi au géant de l’eau et des déchets de suspendre l’OPA qu’il comptait engager immédiatement sur Suez en renonçant au caractère amical de sa tentative de rachat.
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Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a pour sa part annoncé dans la matinée que le gendarme de la Bourse de Paris allait être saisi. “Cette offre n’est pas amicale et cela contrevient aux engagements qui ont été pris à plusieurs reprises par Veolia. Elle pose aussi des questions de transparence. Pourquoi est-ce que, subitement, cette offre a été déposée ? Donc nous allons saisir l’Autorité des marchés financiers dès ce matin”, a expliqué M. Le Maire sur Europe 1.
Le tribunal de commerce de Nanterre, saisi en urgence dimanche soir par Suez, s’est réuni dans la nuit, selon les avocats du requérant. Dans son ordonnance, il ordonne à Veolia de suspendre le lancement de toute OPA contre son concurrent, dans l’attente d’un débat au fond sur ses précédents engagements d’amicalité.
Le tribunal ordonne à Veolia “de ne pas rendre l’Autorité des marchés financiers (AMF) destinataire d’un projet d’offre public ni d’initier d’offre publique sur les titres de Suez non préalablement approuvée par le conseil d’administration de Suez”, indique l’ordonnance en référé, prise après la décision de Veolia, annoncée dimanche soir, de lancer son OPA sans l’accord de Suez.
Dans l’intervalle, Veolia avait formellement déposé à 07H00 son offre auprès de l’AMF. Mais elle se trouve désormais suspendue par la décision de justice.
Suez devra pour sa part délivrer une assignation dite “à bref délai” à Veolia, en vue d’une première audience le 18 février, ajoute le tribunal de Nanterre. Cette audience sera suivie d’échanges d’écritures entre les parties, la procédure pouvant prendre de un à trois mois environ.
– “Déclaration de guerre” –
Veolia, qui a acheté en octobre 29,9% du capital de son grand concurrent auprès de l’énergéticien Engie, a décidé dimanche de lancer son OPA sur le reste des actions, estimant que “ses tentatives répétées d’amicalité se sont toutes heurtées à l’opposition” de sa cible.
Son conseil d’administration a décidé de lancer une offre publique d’achat au prix de 18 euros par action, sur les 70,1% du capital qu’il ne détient pas, soit une opération d’un montant de 7,9 milliards d’euros en numéraire.
Dans un marché mondial porteur et de plus en plus soutenu, Veolia veut créer un “super champion français” du secteur, un “projet dans l’intérêt de la nation”, selon son PDG Antoine Frérot. Le groupe a abattu ses cartes fin août, alors qu’un mois plus tôt l’actionnaire principal de Suez, Engie, s’était dit “ouvert” à la cession de ses titres.
Mais la direction de Suez s’oppose au projet de fusion, synonyme selon elle de casse sociale et industrielle.
Mi-janvier elle a annoncé une proposition alternative de reprise par les fonds Ardian et GIP, appelant Veolia à dialoguer.
Antoine Frérot et le directeur général de Suez Betrand Camus se sont finalement vus vendredi.
Mais les deux positions semblaient peu conciliables, entre le projet de fusion de l’un et le projet de maintien de deux groupes indépendants de l’autre.
“Nous ne laisserons pas faire Veolia dans son entreprise de destruction”, a tonné de son côté dimanche l’intersyndicale de Suez (CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC) dénonçant une “OPA hostile contre Suez et ses salariés”, synonyme de “déclaration de guerre sans retour”.
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