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La hausse des taux et le sourire des banquiers

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Je vais vous faire un aveu aujourd’hui. Un aveu qui mettrait en colère Jean-Luc Mélenchon et ses amis s’ils lisaient par hasard cette chronique. Cet aveu est étonnant mais c’est la stricte vérité : les banques attendent avec gourmandise la hausse des taux d’intérêt.

Si la hausse des taux d’intérêt effraie, depuis quelques mois, la Bourse, si elle fait peur aux gouvernements, vu le niveau élevé de leur dette publique, si cette même hausse des taux ne fait pas plaisir aux entreprises, qui devront payer davantage leurs prêts, les banquiers, eux, sont ravis. Oui je dis bien “ravis” de la hausse des taux d’intérêt.

C’est vrai que pendant plusieurs années, les patrons de banques ont mâché du fer lorsque les taux d’intérêt étaient très bas, voire négatifs. Avec la hausse des taux, qui a lieu en ce moment, les banques – toutes les banques – voient cette remontée comme une véritable bouffée d’oxygène. Normal, quel est le métier à la base des banquiers ? C’est de prêter de l’argent, qu’ils ont reçu des clients, sous forme de dépôts à court terme, et ces dépôts, les banquiers les reprêtent ensuite, à plus long terme, sous forme de crédits. Et c’est la marge entre les taux à court terme des dépôts et les taux des crédits qui fait le gagne-pain des banquiers.

Seulement voilà, cette marge, à cause des taux d’intérêt négatifs, s’est compressée au fil du temps car comme les taux longs, donc à long terme, se sont écrasées et que les taux étaient, eux-mêmes, très faibles, la marge des banques était devenue aussi mince qu’un string. C’était d’ailleurs la raison principale qui expliquait que les actions bancaires étaient mal aimées par la Bourse.

Tant que les taux d’intérêt restaient bas, les banques avaient des marges trop faibles. Et là, avec le retour de l’inflation, les taux d’intérêt remontent et les banquiers n’osent pas trop le dire ouvertement, mais pour eux, c’est une excellente nouvelle. La preuve, l’agence de notation S&P Global a calculé qu’une hausse des taux de 2% dope les revenus nets des banques de la zone euro de 14,3%. Si cela ce n’est pas un bel effet levier, je ne sais pas ce que c’est alors. Mais attention, vous connaissez sans doute le proverbe persan qui dit : “qui mange seul, s’étrangle”. Donc, oui, la remontée des taux d’intérêt est une excellente nouvelle pour les banques mais à condition qu’elle ne pénalise pas les ménages et les entreprises au point que, ni l’un ni l’autre, ne veulent emprunter. Et aussi à condition que la hausse des taux d’intérêt ne provoque pas des faillites ; sans quoi ce qui entre dans une poche sort de l’autre. Mais bon comme le disait ma grand-mère, il est inutile de voir tout l’escalier, contentons-nous déjà de monter la première marche !

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