La révolution de l’intelligence artificielle n’a pas fini de secouer le secteur bancaire : ABN Amro prévoit de supprimer 5.200 postes, tandis que BNP Paribas Fortis et KBC multiplient les outils automatisés pour gagner en productivité et transformer leurs services clients.
L’annonce a fait grand bruit. La banque néerlandaise ABN Amro prévoit de supprimer 5.200 emplois dans les prochaines années, soit près d’un quart de son personnel. C’est ce qu’a déclaré mardi dernier sa CEO, Marguerite Bérard, en présentant la nouvelle stratégie du groupe. Entrée en fonction en début d’année, elle estime que l’intelligence artificielle (IA) pourra reprendre une partie des tâches aujourd’hui assurées par les collaborateurs.
L’IA est-elle sur le point de provoquer une véritable hécatombe dans le secteur bancaire ? McKinsey anticipe en tout cas un impact massif. Selon le cabinet de conseil, aucune autre industrie ne devrait connaître autant de gains de productivité. Avec la montée en puissance de l’automatisation, l’IA pourrait à elle seule générer jusqu’à 340 milliards de dollars de productivité supplémentaire dans la banque.
Selon Bloomberg, jusqu’à 200.000 emplois pourraient disparaître sous l’effet de l’IA, sur la base d’une enquête menée auprès des dirigeants de 92 grandes banques, dont les géants américains JP Morgan et Citi. Cela représenterait une réduction de 5 % à 10 % des effectifs.
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Nos banques accélèrent
Bien sûr, nos banques ne vivent pas sur une île et n’échappent pas au mouvement. BNP Paribas Fortis a même décidé de mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard.
Alors que KBC a pris de l’avance en Kate, qui fête ses cinq ans ce mois-ci et intègre désormais la technologie ChatGPT, la première banque du pays déploie désormais une centaine d’outils d’intelligence artificielle.
Une partie de ces outils développés par BNP Paribas Fortis a été conçue en collaboration avec la licorne française Mistral AI, sorte d’OpenAI européen, dans laquelle sa maison mère BNP Paribas a investi.
Le job de 270 employés
À ce jour, les outils d’IA prennent déjà en charge l’équivalent du travail de 270 personnes au sein de la banque belge. “Cela nous permet d’absorber le départ de certains collaborateurs ou certaines tâches additionnelles”, explique Daniel De Clerck, COO de BNP Paribas Fortis.
L’IA devrait ainsi générer 70 millions d’euros de valeur supplémentaire l’an prochain pour la banque en Belgique, et jusqu’à 750 millions pour l’ensemble du groupe BNP Paribas où plus de 900 outils IA sont en cours d’implémentation.
L’exemple de Yara
Parmi ces outils figure Yara, un chatbot interne comparable à ChatGPT, accessible à l’ensemble des 13.000 employés de BNP Paribas Fortis. Sorte de couteau suisse numérique, il propose une multitude de fonctionnalités : résumé automatique de documents, traductions instantanées, rédaction d’e-mails, retranscriptions de conversation…
La banque précise : Yara a ainsi permis d’économiser 50.000 jours de travail, soit un gain de productivité de 2,86 %. “L’IA nous aide à créer nouvelles expériences clients, à améliorer l’efficacité de nos processus et à augmenter la performance de nos employés”, explique Anthony Belpaire, responsable de la stratégie IA chez BNP Paribas Fortis, à la tête d’une équipe de plus de 80 personnes : business analysts, data scientists, data engineers, etc.
Moteur de productivité
Chez KBC, Kate contribue désormais directement et indirectement à la vente de 400.000 produits et services par an. L’assistant numérique gère aujourd’hui de façon autonome sept questions sur dix posées par les clients, ce qui équivaut à la charge de travail de plus de 350 employés.
Selon FinTech Belgium et Deloitte, l’IA générative pourrait augmenter les revenus du secteur bancaire de 4,7 %. L’efficacité opérationnelle des banques pourrait s’améliorer de 20 % à 25 %, la satisfaction client augmenter de 8 % à 10 %, ce qui permettrait de réduire la perte de clients de 5 %. Enfin, la fraude pourrait diminuer de 5 % à 7 %.
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