Les marchés financiers en plein doute après le rachat de Credit Suisse par UBS
Les marchés financiers étaient en plein doute lundi matin au lendemain du bouclage précipité du rachat de Credit Suisse par UBS, une opération de sauvetage qui laisse sceptiques les investisseurs effrayés par les risques de déstabilisation du système bancaire.
Les indices européens poursuivaient leur recul à Paris (-0,63%), Francfort (-1,10%), Londres (-1,17%) et Milan (-2,73%), après une semaine noire sur le secteur bancaire qui a plombé l’ensemble des marchés. Les Bourses européennes étaient plombées par la chute du secteur bancaire, signe d’une grande défiance des investisseurs.
Les places asiatiques ont été les premières à souffrir : Tokyo a lâché 1,42%, Shanghai 0,48% et Hong Kong abandonnait 2,50% vers 08H15 GMT.
La forte baisse des cours du pétrole et la montée des “valeurs refuge” que sont l’or et le yen sont d’autres indices suggérant que les investisseurs sont “toujours effrayés”, a relevé Stephen Innes de SPI Asset Management.
Une panique bancaire en bourse est un phénomène où un grand nombre de personnes ou d’investisseurs perdent confiance dans le système bancaire et retirent massivement leurs dépôts ou leurs investissements. Cela peut se produire lorsqu’il y a une perception généralisée que les banques ne sont pas en mesure de rembourser les dépôts ou les investissements, ce qui peut entraîner une chute des prix des actions des banques et une volatilité accrue sur les marchés financiers.
Lorsqu’une panique bancaire se produit, les banques peuvent être incapables de satisfaire toutes les demandes de retraits, ce qui peut entraîner des faillites bancaires et une crise économique plus large. Les autorités peuvent intervenir pour tenter de stabiliser la situation, par exemple en fournissant des liquidités aux banques ou en garantissant les dépôts bancaires pour rassurer les investisseurs.
A l’issue d’intenses tractations ce week-end, le premier groupe bancaire suisse UBS a consenti dimanche à racheter pour une bouchée de pain son rival en difficulté Credit Suisse, avec d’importantes garanties du gouvernement de Berne et de liquidités de la BNS, la banque centrale du pays.
Le montant du rachat de Credit Suisse, qui traversait une intense phase de turbulences depuis le début de la semaine dernière, s’élève à 3 milliards de francs suisses (3,02 milliards d’euros), payables en actions UBS, pour une banque qui en valait près du triple vendredi à la clôture de la Bourse.
L’action de Credit Suisse chutait lundi matin en dessous du prix de l’offre d’UBS, s’effondrant de plus de 62% et le titre UBS cèdait plus de 13%.
Action des Banques centrales
Dans la foulée de cette annonce, les banques centrales américaine, européenne, de Suisse, d’Angleterre, du Canada, du Japon mènent une action coordonnée pour améliorer l’accès aux liquidités, une mesure exceptionnelle pour rétablir la confiance dans le système financier.
Mais “plus les décideurs politiques agissent, plus les investisseurs s’attendent à de mauvaises nouvelles, ce qui crée une boucle de réaction horriblement négative, comme si les investisseurs se demandaient :+que savent-ils que nous ne savons pas?+”, estime M. Innes.
“Perspectives incertaines”
Tandis que les investisseurs examinent les détails de l’accord, “les perspectives restent remarquablement incertaines” et “la structure de la transaction qui force les détenteurs d’obligations à accepter des pertes tout en protégeant les détenteurs d’actions n’aide pas”, observe également Neil Shearing, économiste de Capital Economics.
Le rachat de Credit Suisse par UBS va faire perdre 16 milliards de francs suisse à des détenteurs d’obligations à risque.
Les détenteurs de ces titres de dettes arrivent normalement avant les actionnaires dans l’ordre de priorité de remboursement en cas de faillite.
Or les autorités suisses ont tout simplement décidé de leur faire porter une partie du fardeau financier dans le cadre du rachat de Credit suisse.
Garanties auprès des autorités
Les autorités de régulation et le gouvernement fédéral ont dû faire face à une pression immense des principaux partenaires économiques de la Suisse pour assainir la situation, dans un contexte de turbulences du secteur bancaire qui fait craindre un important risque de contagion après des défaillances de banques aux Etats-Unis.
Depuis deux ans, Credit Suisse allait de scandales retentissants en revers et a eu soudainement du mal à accéder à des liquidités à des prix raisonnables.
UBS va bénéficier d’une garantie de quelque 9 milliards de francs de l’Etat qui sert d’assurance si des problèmes devaient être découverts dans des portefeuilles de Credit Suisse.
La banque centrale suisse accorde par ailleurs une ligne de liquidités allant jusqu’à 100 milliards de francs suisses aux deux établissements.
Nouveau coup dur pour les banques
En Europe, l’indice sectoriel des banques, le Stoxx Europe 600/Banks, reculait de plus de 5% à 08H25 GMT. Les françaises BNP Paribas et Société Générale perdaient plus de 6%, Deutsche Bank plus de 9%, Commerzbank plus de 7% à Francfort. A Londres, HSBC lâchait plus de 4%, Standard Chartered plus de 7%.
Du côté des devises et du pétrole
Le yen remontait lundi par rapport au dollar, retrouvant pour l’occasion son statut de “valeur refuge” en cas de gros temps sur les marchés financiers: un dollar valait 130,62 yens vers 08H30 GMT, contre 131,85 yens vendredi soir.
L’euro se repliait de 0,30% face au billet vert à 1,0637 pour un dollar.
Sur le marché du pétrole, le baril de WTI américain dérapait de 3,34% à 64,51 dollars vers 08H30 GMT et le baril de Brent de la mer du Nord cèdait 3,70% à 70,27 dollars.