La Fed maintient le statu quo pour la cinquième fois de suite

© Mandel NGAN / AFP

La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a sans surprise laissé ses taux d’intérêt inchangés mercredi, pour la cinquième fois de suite, une décision marquée par la rare opposition de deux gouverneurs qui souhaitaient une baisse.

Dans son communiqué, la Réserve fédérale remarque que la croissance américaine a “ralenti au premier semestre” 2025 mais que le marché du travail reste “solide”, avec un taux de chômage “bas”. Le texte souligne que l’incertitude “reste élevée”. La banque centrale avait écrit six semaines plus tôt que l’incertitude avait diminué, une mention qui a disparu.

Les taux directeurs — qui guident le coût du crédit et ont un fort impact sur les marchés — demeurent donc au niveau qui est le leur depuis décembre, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.

La décision, largement anticipée par les investisseurs, n’a pas été prise à l’unanimité. Sur douze membres du comité de politique monétaire (FOMC), deux ont voté contre, une situation qui ne s’était pas produite depuis plus de 30 ans. Michelle Bowman et Christopher Waller ont fait entendre leur différence. Le communiqué précise qu’ils plaidaient pour une baisse de taux d’un quart de point.

En faveur d’une baisse d’un quart de point

Les deux gouverneurs avaient été propulsés à leur poste pendant le premier passage de Donald Trump à la Maison Blanche. Mme Bowman a récemment été nommée, à l’initiative du chef de l’Etat, vice-présidente de la Fed chargée de la supervision du système bancaire. M. Waller est vu comme un possible successeur du président actuel Jerome Powell, continûment éreinté par Donald Trump. Le gouverneur Waller avait publiquement fait savoir qu’il souhaitait une baisse de taux, de crainte que le marché du travail ne se dégrade trop fortement. Sa collègue avait également dit qu’elle penchait dans ce sens, même si moins fermement en apparence.

Les analystes avaient relevé, avant la réunion, qu’il fallait remonter à 1993 pour voir deux gouverneurs (et pas simplement des membres du FOMC ayant le droit de vote) s’opposer à une décision au cours d’une même réunion.

Pressions présidentielles continues

Diane Swonk, économiste pour KPMG, avait estimé avant la réunion qu’il n’était “pas étonnant de voir des dissensions compte tenu de l’immense incertitude” au sujet des répercussions de l’offensive protectionniste de Donald Trump. “Nous savons que la Fed aurait aimé abaisser les taux avant, et qu’elle ne l’a pas fait à cause des droits de douane”, avait-elle souligné auprès de l’AFP.

La Fed s’attend à ce que la volée de nouveaux droits de douane sur les produits entrant aux Etats-Unis se traduise par une croissance ralentie, plus d’inflation et plus de chômage. Elle a jusqu’ici expliqué que l’immobilité était préférable, le temps d’y voir plus clair sur l’atterrissage de l’économie américaine.

M. Powell tiendra sa traditionnelle conférence de presse à 18H30 GMT.

Dans la matinée, Donald Trump l’a une nouvelle fois appelé à baisser les taux, juste après la publication des chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre. “3%, BIEN MIEUX QU’ATTENDU !” a-t-il salué, ajoutant que “+Trop Tard+ Powell (le surnom qu’il donne au patron de la Fed, ndlr) “DOIT MAINTENANT BAISSER LES TAUX” pour faciliter l’accès au crédit immobilier.

Le communiqué de la Fed montre que celle-ci n’est guère rassurée par les chiffres du PIB: certes, le deuxième trimestre s’affiche à +3% en rythme annualisé, mais le premier avait été en contraction de 0,5%. Mis bout à bout, la croissance est plus faible que ce à quoi la première économie mondiale était habituée ces dernières années.

La Fed peut se permettre d’attendre de nouvelles données

Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), Jerome Powell, a estimé mercredi que celle-ci pouvait se permettre d’attendre d’en savoir plus sur la trajectoire de l’économie américaine avant de bouger ses taux.
“Pour l’instant, nous sommes bien placés pour en savoir plus sur l’évolution probable de l’économie (…) avant d’ajuster notre politique”, a-t-il déclaré en conférence de presse, ajoutant qu’il restait “beaucoup, beaucoup d’incertitudes” autour des répercussions des nouveaux droits de douane mis en place par le gouvernement.

Powell défend son indépendance face aux pressions de Trump

Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), Jerome Powell, a défendu mercredi l’indépendance de son institution face aux pressions du président américain Donald Trump, qui appelle depuis plusieurs semaines la Fed à baisser ses taux.
“Je pense qu’avoir une banque centrale indépendante est un arrangement qui a bien servi l’intérêt général et que, tant que c’est le cas, c’est quelque chose qui doit se poursuivre et être respecté”, a déclaré M. Powell lors d’une conférence de presse, soulignant que cette indépendance est “ce qui permet de prendre des décisions difficiles en étant concentré sur les données et l’évolution de la balance des risques”.

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