Comme chaque année, le Fonds monétaire international vient faire son petit tour en Belgique dans le cadre de l’article IV du Fonds qui donne à l’institution des pouvoirs de contrôle sur la stabilité monétaire de ses pays membres.
Cette année l’équipe dirigée par Christian Mumssen a donc passé deux semaines dans le pays. Elle a rencontré les représentants du gouvernement et de la Banque nationale, mais aussi les partenaires sociaux, afin de rédiger un rapport sur l’état de santé du pays.
Ce rapport sera discuté au conseil du FMI en février et publié début mars, mais on en connaît déjà les grandes lignes.
D’abord, le Fonds donne un satisfecit à l’équipe de Charles Michel. “Il y a trois éléments importants et significatifs qui ont été réalisés par ce gouvernement, dit Christian Mumssen. La modération salariale, le tax shift et la réforme des pensions”. La modération salariale (le saut d’index notamment) et la réduction des charges sur le travail qui font l’objet du tax shift sont des mesures qui vont soutenir la création d’emplois. La réforme des pensions, de son côté, est une étape majeure pour freiner l’explosion des coûts du vieillissement.
Mais il reste deux grands défis à affronter, poursuit Christian Mumssen. Le premier est la réduction de la dette publique. Nous sommes repassés au-delà des 100% du PIB. Le second est et la fragmentation du marché du travail. Des défis à rencontrer au plus vite. Car la chute des prix pétroliers, les taux d’intérêt au plancher et la faiblesse de l”euro sont des éléments favorables qui ne sont pas destinés à durer. Et la décélération de l’économie chinoise, les menaces géopolitiques et la crise des réfugiés sont des facteurs de risques qui peuvent s’exprimer brutalement. “Nous ne savons pas d’où viendra la prochaine crise, note Christian Mumssen, mais pour l’affronter, il est important de se constituer des réserves dès à présent.”
Pour cela, la Belgique doit donc retrouver l’équilibre budgétaire au plus vite. L’ambition affichée par notre pays de ne plus avoir de déficit public en 2018, tout niveau de pouvoir confondu, est qualifiée d’ambitieuse par le FMI. Pour atteindre cet objectif, il faut travailler du côté des recettes (nous avons encore de la marge sur la taxation des plus-values et de l’immobilier, et sur la suppression des avantages liés aux voitures de société, estime Christian Mumssen) mais surtout du côté des dépenses. Nos dépenses publiques atteignent 55% du PIB, ce qui nous classe parmi les plus dépensiers du monde. Il y a moyen de faire mieux avec moins, estime le FMI, surtout du côté des dépenses en soins de santé.
L’autre tâche consiste à défragmenter le marché du travail. Certaines catégories, comme les jeunes, les plus de 55 ans, les immigrés d’origine non européenne ou les gens peu qualifiés ont des taux d’emplois très bas. Si ces catégories affichaient le même taux d’emploi que les actifs belges qualifiés, on aurait 1,5 million d’emplois en plus. “Ce n’est qu’un calcul statistique, tempère Christian Mumssen, mais cela donne l’idée de l’écart qui peut exister entre les diverses catégories du marché du travail. Et réduire cet écart est une condition indispensable pour libérer le potentiel de l’économie du pays’, conclut Christian Mumssen.