Un scénario de guerre commerciale “sévère” pourrait coûter jusqu’à un point de croissance économique à la zone euro entre 2025 et 2027, a averti jeudi la Banque centrale européenne (BCE), dans un contexte de tensions accrues entre les États-Unis et l’Union européenne.
En cas de hausse généralisée des droits de douane américains, avec des représailles symétriques de l’UE et une incertitude commerciale durable, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro tomberait à 0,5% en 2025, 0,7% en 2026 et 1,1% en 2027, estime la BCE. Ce serait au total un point de croissance en moins par rapport au scénario de référence, selon des projections de l’institution monétaire.
L’inflation serait également plus faible, atteignant seulement 1,8% en 2027 contre 2% dans le scénario de base, a précisé la BCE. En cause, le recul global de la demande à cause des barrières commerciales.
L’institution de Francfort souligne aussi qu’un afflux d’exportations chinoises redirigées vers l’Europe, en raison des tensions sino-américaines, pourrait accentuer encore davantage les pressions désinflationnistes en zone euro, et ce “au-delà de ce que prévoit même le scénario sévère”. Environ 80% des produits importés par les grands pays de la zone euro proviennent déjà de Chine et plus de deux entreprises de cette zone sur cinq y importent des biens chinois. L’essor rapide des réseaux de distribution chinois en Europe favoriserait encore cette réorientation, observe l’institution.
La BCE a également élaboré un scénario optimiste, prévoyant un apaisement des tensions douanières, fondé sur des surtaxes limitées, qui soutiendrait la croissance dans la zone euro. Le PIB de la zone euro augmenterait alors d’1,2% en 2025, puis 1,5% en 2026 et 1,4% en 2027, soit un gain cumulé de 0,8 point par rapport au scénario de référence, tandis que l’inflation ne serait que légèrement plus élevée en fin de période, portée par une activité plus dynamique.