La BCE a porté son cadeau aux banques belges à 10 milliards par an

La banque centrale rémunère désormais les liquidités excédentaires que les banques déposent chez elle à 4%. Tout bon pour le secteur bancaire.

Une des conséquence de la hausse des taux décidée ce jeudi par la BCE est de porter la rémunération des liquidités excédentaires que les banques placent auprès de la banque centrale à 4%. Cela signifie que sur un an, si rien ne change, la BCE « augmente ses généreux transferts aux banques de 10 milliards d’euros pour atteindre un total de 146 milliards d’euros », souligne l’économiste Paul De Grauwe. Paul De Grauwe se demande pourquoi pour éviter de donner un tel cadeau la BCE n’a pas augmenté le taux des réserves obligatoires, c’est à dire l’argent que les banques doivent placer sur un compte gelé auprès de la BCE et qui ne rapporte, lui, aucun intérêt. « La BCE aurait pu éviter cela en augmentant les réserves obligatoires de 1 % à 2,5 %. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? », s’interroge-t-il sur X (Twitter).

Car au fur et à mesure que les taux montent, le cadeau grandit. Les banques commerciales ont en effet placé plus de 3.600 milliards de liquidités auprès de la banque centrale. A un taux de 4%, cela signifie que, tous les mois, la BCE va désormais payer en intérêts 12,17 milliards d’euros aux banques commerciales, soit 146 milliards par an.

Si le taux des dépôts était resté à 3,75%, le cadeau n’aurait été « que » de 137milliards environ. En augmentant la rémunération de sa facilité de dépôt de 25 points de base, la BCE a donc gonflé de 9,1 milliards d’euros qu’elle paiera aux banques sur un an.

Éric Dor, responsable de la recherche auprès de l’IESEG School of Management, a fait le calcul pour les banques belges. Grace à cette rémunération des dépôts par la BCE, nos banques recevront de la banque centrale 837 millions d’euros d’intérêts par mois, soit un peu plus de dix milliards par an.  Cela commence à devenir généreux. C’est l’équivalent de la totalité des profits annuels du secteur.