Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Krach Tech, drogue et sevrage boursier
Les experts n’aiment pas se tromper. Normal, cela remet en doute leur savoir. Mais comme ils n’aiment pas le reconnaitre publiquement, ils font comme Edgar Faure, un ancien ministre de la 4ème république française, ils nous disent “que ce n’est pas la girouette qui tourne, mais le vent”.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la BCE a publié un rapport dans lequel ses économistes s’excusaient d’avoir sous-estimé l’inflation. Souvenez-vous, tous les économistes nous disaient à l’unisson que cette inflation serait temporaire, qu’elle serait de courte durée. Bref, que l’inflation serait une simple bosse sur un graphique, le temps de passer de l’autre côté de la bosse et cela serait finit. Vous le voyez chaque jour, ce n’est évidemment pas le cas, et c’est ce qui explique que les taux d’intérêt sont en train de remonter partout dans le monde.
Ils remontent parce que les banques centrales le veulent bien et parce que c’est la manière la plus efficace pour elles de combattre l’inflation. Le résultat, c’est que les valeurs technologiques sont les premières victimes de cette remontée du loyer de l’argent. Les spécialistes parlent même d’un Krach Tech en Bourse. C’est vrai que depuis plusieurs mois, les actions de la Tech prennent le bouillon. N’oubliez pas qu’en Bourse, on parle de Krach lorsqu’une valeur baisse de plus de 20%. Les personnes qui ont ces valeurs technologiques en portefeuille n’ont évidemment pas le sourire. Enfin, cela dépend de quand, ils ou elles ont acheté ces valeurs en Bourse.
Mais pour quelques experts, cette purge boursière est une bonne chose. Pourquoi ? mais parce que la Bourse avait augmenté ces dernières années de manière anormale, quasi uniquement sur la base du fait que les taux d’intérêt étaient au plancher, lorsqu’ils n’étaient pas négatifs, et que la seule manière d’avoir du rendement, c’était d’acheter des actions, et de préférence technologiques. Aujourd’hui, les banques centrales ne sont plus les amies de la Bourse, leur rôle est d’abord de lutter contre l’inflation. Certains se réjouissent même du fait que la Bourse, en tout cas aujourd’hui, réagisse négativement à la macroéconomie et à la géopolitique. Bref, c’est un retour vers la normale, et c’est plutôt la situation d’avant qui était anormale.
L’autre raison qui pousse certains experts à se réjouir de ce Krach Tech, c’est que la Bourse va enfin faire le tri entre les valeurs technologiques qui ont un avenir, qui gagnent de l’argent (et qui elles vont rebondir) et puis les autres, les valeurs sans avenir, gonflées à l’hélium de la spéculation, ce que Marc Fiorentino appelle les Daube Techs. Elles vont finir dans les poubelles de l’histoire boursière.
Au final, oui, la purge actuelle en Bourse ne fait pas plaisir à ceux et à celles qui y sont investis, mais c’est aussi la preuve que la Bourse n’est plus alimentée par la drogue monétaire. Les banquiers centraux ont cessé d’être les dealers qu’ils ont été pendant quelques années. Leur client principal (c’est-à-dire la Bourse) se convulse, elle a froid et tremble, exactement comme un drogué en plein sevrage. Au fond, Marc Fiorentino a sans doute raison, le Krach Tech, c’est la Bourse qui prend conscience qu’elle n’aura plus droit aux substances illicites et hallucinogènes.
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