KBC reste mystérieux sur sa manière de récupérer les milliards du bon d’Etat
KBC a refusé jeudi de dévoiler de quelle manière elle comptait récupérer les 5,7 milliards d’euros que ses clients avaient investis dans le bon d’État à un an, émis l’année passée, tout en assurant qu’elle proposerait bien une alternative. “Nous voulons récupérer au moins une partie de cette somme”, a affirmé Johan Thijs, CEO de la banque belge, lors de la présentation des résultats trimestriels. “L’alternative que nous proposerons sera évidemment compétitive par rapport au nouveau bon d’État.”
M. Thijs n’a toutefois pas voulu révéler si cette offre prendrait la forme d’un bon de caisse, d’une obligation ou d’un compte à terme. “Nous ferons preuve d’une transparence totale pour les clients et les non-clients”, a promis le CEO. “Mais faire des annonces quatre semaines à l’avance nous semble prématuré.”
Lors de l’émission en septembre 2023 du bon d’État à un an par le Trésor, les clients de KBC avaient déplacé environ 5,7 milliards d’euros depuis leurs comptes épargne vers ce bon d’État, fiscalement avantageux. Alors que l’Agence de la dette remboursera le 4 septembre les montants investis, toutes les grandes banques mettent en place des alternatives pour tenter de récupérer l’argent qui leur a échappé.
D’autres banques comme BNP Paribas Fortis et ING ont d’ores et déjà dévoilé les solutions qu’elles comptent mettre en place. La première a ainsi annoncé l’émission de nouvelles obligations en septembre et entend compléter cette offre avec trois bons de caisse alors que la seconde mise plutôt sur les comptes à termes.
Des résultats encourageants
Le groupe KBC a engrangé au deuxième trimestre un bénéfice net de 925 millions d’euros, soit une hausse de plus de 400 millions d’euros par rapport au trimestre précédent, mais un recul de 41 millions sur base annuelle. Le bancassureur se réjouit toutefois d’un bénéfice sur les six premiers mois de l’année “conforme à celui de l’année précédente”, hors plus-value exceptionnelle, ressort-il des résultats trimestriels publiés jeudi.
Le bénéfice net du groupe belge sur les six premiers mois de l’année s’établit à 1,43 milliard d’euros. “À première vue, ce résultat est nettement inférieur à celui du premier semestre 2023 (établi à 1,84 milliard d’euros, NDLR), mais ce dernier avait bénéficié d’une plus-value non récurrente de 0,4 milliard d’euros sur la vente des portefeuilles de crédits et de dépôts irlandais”, justifie le CEO de KBC, Johan Thijs, par communiqué de presse.
La branche belge du bancassureur a connu sur base similaire un résultat net en recul de 7% par rapport au premier trimestre, à 519 millions d’euros, tandis que la division tchèque a progressé de 9% sur la même période, culminant à 244 millions d’euros. Sur les marchés internationaux, ce résultat diminue de 15%, à 224 millions d’euros.
Au total, les revenus nets d’intérêts de l’ensemble du groupe s’établissent à 2,748 milliards d’euros au premier semestre, soit une hausse de 1% sur base annuelle.
Ce bilan trimestriel s’explique notamment par une “hausse des revenus nets d’intérêts”, une “augmentation des revenus nets de commissions”, “de solides revenus des activités d’assurance” et “une amélioration des revenus à la juste valeur et liés au trading”, couplés à une baisse générale des coûts.
Deux baisses de taux de la BCE
La banque a aussi connu au deuxième trimestre une hausse des afflux d’argents venant de ses clients avec un bond de 3,8 milliards d’euros. “Nous avons assisté à un basculement en avril-mai”, a expliqué Johan Thijs lors de la présentation des résultats de KBC group à la presse. La forte baisse des taux d’intérêts en République tchèque et en Hongrie, où KBC est bien implantée, a rendu les comptes à terme moins attrayants et de nombreux clients ont préféré placer leur argent sur des comptes courants ou des comptes épargne. “Cette évolution aura un impact important sur les revenus d’intérêts dans les mois à venir”, a ajouté le CEO.
KBC s’attend à deux nouvelles baisses des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) d’ici la fin de l’année, dont la première fin septembre. Johan Tijs a affirmé que cette diminution affecterait “irrévocablement” les taux d’intérêts des clients mais a estimé peu probable que les effets se fassent sentir immédiatement, notamment parce que la baisse des taux d’intérêt de la BCE coïncidera presque avec la campagne autour du bon d’État. “La façon dont la baisse des taux d’intérêt de la BCE se traduira dans les produits commerciaux dépendra du marché”, a prudemment avancé le CEO.
Ces résultats poussent KBC à relever ses prévisions pour ses revenus nets d’intérêts à 5,5 milliards d’euros sur l’année, contre une fourchette de 5,3 à 5,5 milliards d’euros annoncée précédemment.
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