Johan Thijs (KBC): “Le scénario d’une profonde récession ne s’est pas réalisé”
Le CEO de KBC analyse les résultats meilleurs que prévu du groupe de banque et d’assurance dévoilés hier.
Johan Thijs, le CEO de KBC, peut avoir le sourire. L’an dernier, le groupe de banque et d’assurance belge a dégagé un bénéfice net de près de 3 milliards d’euros, en hausse de 10 %. Crédit, gestion d’actifs, assurance : la machine KBC a tourné à plein régime sur tous les fronts, y compris au quatrième trimestre qui s’est révélé meilleur que ce que les analystes attendaient. Bien meilleur même, puisque le groupe a dégagé un résultat de 818 millions d’euros. Soit le meilleur trimestre de l’année pour un résultat global en 2022 qui n’avait plus atteint un tel niveau depuis des années, et donc jugé “excellent” par Johan Thijs.
La météo a aidé
Pas de trace de récession en effet dans le bottom line du groupe de l’avenue du Port. Si KBC termine 2022 sur un résultat d’aussi belle facture, malgré la guerre en Ukraine et la flambée des prix, c’est parce que le pire a été évité, constate Johan Thijs. “Le scénario d’une profonde récession ne s’est pas réalisé.” L’impact économique de la guerre en Ukraine est resté limité. La météo a aidé, avec des températures clémentes en fin d’année. “Il n’y a pas eu un manque de gaz pour traverser l’hiver comme on aurait pu le craindre. C’est en grande partie la raison pour laquelle la profonde récession économique qui était redoutée ne s’est pas matérialisée” et que nous sommes maintenant plutôt dans celui d’une “récession douce.”
Effet “jaws” positif
À cette météo favorable s’ajoute bien sûr la hausse des taux. Une hausse qui a boosté les revenus nets d’intérêt de manière “significative”, dixit Johan Thijs. Ceux-ci ont progressé de 16 % (à 5,16 milliards) par rapport à 2021. Le bond est même de 20 % au quatrième trimestre. Et ce, alors qu’il existe “une forte concurrence entre les différentes banques en Belgique sur le segment du crédit”, observe le CEO.
Mais le groupe affiche une belle efficacité opérationnelle. Malgré la forte inflation et l’indexation des salaires, le total des dépenses de fonctionnement n’a progressé que de 10 % pour atteindre 4,8 milliards. Soit un effet “jaws”, ratio entre le taux de croissance des revenus et celui des coûts de… 6 % ! Et ce aussi, malgré 646 millions de taxes bancaires. A lot of money, dixit encore Johan Thijs.
Actionnaires gâtés
Sur le plan financier, les actionnaires seront gâtés. Un dividende brut de 3 euros par action sera attribué, en plus du dividende intérimaire d’un euro déjà versé. Soit un pay-out ratio (part du bénéfice retourné aux actionnaires) de 60 %. Par ailleurs, une partie du capital excédentaire provenant de la vente des activités en Irlande sera utilisé pour un programme de rachats d’actions et/ou la distribution d’un dividende extraordinaire.
Et en 2023 ?
Même si l’économie ralentit, Johan Thijs se montre relativement confiant pour les mois à venir. Le groupe revoit ses prévisions à la hausse. Le total des revenus devrait dépasser les 9 milliards l’an prochain d’euros tandis que les coûts devraient tourner autour de 4,4 milliards. Il s’attend en effet à une poursuite de la remontée des taux tant du côté de la Fed américaine que de la BCE. Selon lui, ils pourraient rester élevés pour une longue période, autour de 3,5 %.
Le CEO de KBC estime en effet qu’il faudra compter avec une inflation qui pourrait rester soutenue, en raison notamment de “la réouverture de la Chine et le fait que l’Europe veut massivement investir dans le verdissement de l’économie en réaction à l’Inflation Reduction Act américain, ce qui pourrait conduire à une demande plus forte en matière d’énergie et de matières premières, et donc la BCE à maintenir ses taux à un niveau élevé.” Quant à l’assistant virtuel Kate embarqué dans l’app de la banque, cerise sur le gâteau, il permettra bientôt d’ouvrir un compte d’épargne”, a lâché Johan Thijs, le sourire aux lèvres.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici