Jean-Paul Servais (FSMA): “Nous accélérons contre le greenwashing”
De retour de la conférence sur le climat à Sharm El Sheikh, le président du gendarme belge des marchés financiers se félicite des avancées réalisées sur le terrain de la lutte contre le greenwashing.
Président de la FSMA (l’Autorité belge des services et marchés financiers), Jean-Paul Servais a également été élu dernièrement président de l’IOSCO International Organization of Securities Commissions), l’organisation mondiale des contrôleurs boursiers. Une première pour un Belge et notre gendarme des marchés financiers. De retour de la conférence sur le climat à Sharm El Sheikh, il se montre, à ce titre, extrêmement enthousiaste quant aux progrès engrangés pour faire face au défi du greenwashing sur les marchés financiers, en particulier à propos de la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises cotées.
Quel bilan tirez-vous du sommet sur le climat (COP 27) qui se termine et auquel vous avez pris part ?
Nous avons débarqué en force à Sharm El Sheikh. En un jour, j’ai fait une dizaine de speeches. C’est la première fois que la communauté des régulateurs financiers sous l’égide de l’IOSCO, qui chapeautent les autorités de contrôle dans 130 pays (dont la FSMA), c’est-à-dire 95 % du secteur financier mondial, était à ce point représentée. Face aux enjeux du changement climatique, la valeur ajoutée du secteur financier est en effet de trouver les moyens pour canaliser l’épargne vers des projets de financement qui ont une orientation satisfaisante en matière de durabilité. Un sommet tel que la COP est donc le tremplin idéal pour faire avancer les choses. C’est the place to be. Et je peux vous assurer que nous avons bien avancé sur le terrain du greenwashing qui constitue une de nos priorités.
Plus précisément ?
Lutter contre le phénomène du greenwashing est essentiel pour garantir la confiance des investisseurs dans la finance durable. Or, la prolifération de normes est le meilleur moyen de diffuser le greenwashing. L’information à disposition est primordiale. La qualité des données également. Le résultat de notre travail est un corps de normes internationales et un toolkit de reporting qui seront mis en place par l’International Sustainability Standards Board (ISSB) à l’échelle mondiale, et ce dès 2024. On parle de critères tels que la capacité d’une société à réduire son empreinte carbone, les types d’industrie dans lesquels elle investit, etc. Potentiellement, plusieurs centaines de milliers d’entreprises cotées dans le monde sont concernées par cette harmonisation des standards en matière d’informations liées à la finance durable.
Concrètement, qu’est-ce que tout cela va changer pour les épargnants ?
Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais la volonté de l’IOSCO est clairement là. Nous accélérons au plus haut niveau, et sur tous les continents, contre le greenwashing. Le marché, les gestionnaires d’actifs, les investisseurs, tout le monde est demandeur. L’urgence est là. La pression est énorme. Tout cela ne peut être que bénéfique pour les investisseurs, y compris les épargnants belges, qui veulent des choses simples pour leurs placements.
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