Jamais le compte d’épargne n’a autant fondu qu’en 2023

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

A la recherche d’une meilleure rémunération pour leurs économies, les Belges n’ont jamais retiré autant d’argent de leur compte d’épargne qu’au cours de l’année écoulée : environ 30 milliards sont allés se loger ailleurs.

Mauvais millésime pour le compte d’épargne. L’an dernier, l’encours des livrets d’épargne réglementés a fondu de près de 30 milliards pour tomber sous la barre des 270 milliards d’euros fin 2023. Soit une chute de 10 % environ, selon les calculs du Standaard et de L’Echo se basant sur les chiffres diffusés hier par plusieurs grandes banques belges (KBC, Belfius, ING). En clair, c’est du jamais vu pour le produit de placement préféré des Belges. Début 2023, le total des dépôts parqués sur les livrets d’épargne dans les banques belges se montait encore à plus de 300 milliards. 

Surtout dans les grandes banques

Bien sûr, il s’agit d’un chiffre global pour l’ensemble du marché. Une banque n’est pas l’autre. Et ce sont surtout les grands réseaux bancaires du pays qui accusent les plus fortes diminutions. Ainsi, KBC (CBC en Wallonie) a vu le total de ses dépôts d’épargne diminuer de près de 7 milliards pour atteindre 50,4 milliards au 31 décembre 2023, contre 57,2 milliards un an plus tôt, soit une baisse de près de 12 %. 

Même tendance du côté de Belfius dont l’encours sur les comptes d’épargne réglementés s’élevait au 31 décembre dernier à 42,9 milliards, contre 48,2 milliards un an plus tôt, soit une baisse tout aussi sensible sur un an de 5,3 milliards (- 11 %). Fin 2023, les clients d’ING Belgique détenaient pour leur part un montant total de 31,8 milliards d’euros sur des comptes d’épargne réglementés. Fin 2022, ces dépôts sur les comptes d’épargne réglementés représentaient encore 34,9 milliards, soit donc ici chute de 3,1 milliards (- 8,9 %). 

En face par contre, les challengers de l’épargne ont le sourire. Exemple auprès de MeDirect dont les offres figurent parmi les meilleures du marché. La petite banque en ligne a vu ses dépôts d’épargne sans risque grimper de près de 50 % pour franchir le seuil des deux milliards d’euros en 2023. 

La faute au bon d’Etat

Les chiffres s’expliquent en grande partie par le succès du bon d’Etat à un an émis en septembre par le gouvernement pour inciter les banques à relever les taux offerts sur leurs comptes d’épargne. Au total chez KBC, pas moins de 5,7 milliards d’euros logés sur les comptes d’épargne ont pris la direction du nouveau bon d’Etat qui, rappelons-le, a permis au gouvernement de lever près de 22 milliards d’euros en quelques jours.

Chez Belfius, qui a pourtant été la première grande banque à augmenter le taux sur son livret d’épargne classique et à lancer un nouveau compte (Belfius Fidelity) à la suite des hausses de taux successives de la BCE, l’opération a également laissé des traces puisqu’elle a entraîné une baisse de 3,5 milliards sur les comptes d’épargne et de paiement. La diminution de l’encours sur les livrets par rapport à 2022 est également une conséquence de l’émission du bon d’État, indique ING sans toutefois donner de chiffre précis quant à l’ampleur exacte du transfert vers le bon d’Etat émis en septembre dernier. 

Comptes à terme

A la recherche d’une meilleure rémunération pour leurs économies, les épargnants se sont en effet tournés en masse vers la proposition du gouvernement mais aussi vers d’autres formules de placement plus rémunératrices telles que les obligations et les comptes à terme, qui ont enregistré un intérêt accru, note ING. 

Même constat et shift important du côté de Belfius qui précise que des produits d’investissement tels que les comptes à terme jusqu’à un an, les obligations à revenu fixe d’une durée allant de 2 à 5 ans ainsi que les assurances placements de la branche 21 (à 8 ans) assorties d’un taux en ligne avec celui du marché ont également été très prisés par les clients.

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