Jacques Prost (Indosuez) : “Degroof Petercam va conserver sa marque et son autonomie”

Belga
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Directeur général d’Indosuez Wealth Management (Crédit Agricole), Jacques Prost a répondu à nos questions suite à la finalisation du rachat de Degroof Petercam par le grand groupe bancaire français. “Le but n’est pas de faire de Degroof Petercam un jardin à la française”, assure-t-il.

C’est désormais officiel : Degroof Petercam rejoint la famille Crédit Agricole via sa filiale Indosuez. C’est un grand jour pour votre groupe ?

C’est effectivement un grand jour dans la mesure où c’est une belle opération. Nous sommes très fiers de l’avoir fait et très fiers aussi d’accueillir nos collègues de Degroof Petercam qui sont vraiment de très bonne qualité. Fiers enfin parce que c’est l’aboutissement d’un long travail entre les équipes de Degroof Petercam et d’Indosuez. Nous avons beaucoup travaillé pour obtenir les accords des différentes autorités de régulation. Nous avons commencé à travailler aussi pour définir ensemble le futur projet qui va être nouveau à la fois pour le client mais nouveau aussi pour Indosuez.

Jacques Prost (CEO Indosuez Wealth Management)

A quoi va ressembler ce projet ?

Si nous sommes contents d’aboutir aujourd’hui à cette signature, c’est aussi parce que maintenant nous allons pouvoir transformer l’essai. Nous avons une ambition commune, c’est d’être un leader européen en matière de gestion de fortune.  Nous avons devant nous un projet à la fois extrêmement transformant et extrêmement motivant, qui mobilise toutes les équipes. Nous avons eu ce matin une réunion en web conférence. Quasiment tous les collègues de toutes les entités étaient présents et nous avons partagé ensemble nos ambitions, nos forces, notre volonté d’aller de l’avant pour pour créer ce leader européen dans le secteur de la gestion de fortune dont les avoirs gérés dépassent les 200 milliards d’euros. Donc oui, beaucoup, beaucoup de satisfaction et beaucoup d’envie de faire plus et encore mieux. 

Quelles sont vos ambitions sur le marché belge ?

La Belgique est un pays qui, de manière culturelle, privilégie l’initiative et les entrepreneurs. Et c’est exactement l’ADN du groupe Crédit Agricole. Par ailleurs, la Belgique est notre premier marché et le premier contributeur aux revenus d’Indosuez. Notre objectif avec Degroof Petercam est de faire plus et mieux. Le potentiel de croissance est très important en termes de revenus supplémentaires. Il est vrai aussi que, le groupe étant plus gros, il lui sera possible de faire des économies d’échelle. Naturellement, nous allons améliorer nos modes de fonctionnement pour être plus efficaces.

Plus concrètement ?

Nous allons créer beaucoup de synergies avec les entités du groupe Crédit Agricole, par exemple sur le segment corporate, en matière de leasing ou encore avec notre filiale de gestion d’actifs Amundi. Les très grands clients sont aujourd’hui très contents de la manière dont ils sont servis par Degroof Petercam mais le nouvel ensemble va leur apporter une plus grande capacité à les financer dans leurs différentes opérations partout dans le monde via notre réseau international. Indosuez est présent dans seize territoires, le groupe Crédit Agricole dans 46 pays. C’est la dixième banque mondiale. Nous voulons les accompagner partout où ils se trouvent. Nous allons aussi nous intéresser aussi à la NexGen, c’est-à-dire aux enfants de nos clients ou aux clients qui ont nouvellement fait fortune dans la tech. Notre volonté est aussi de faire plus en Flandre.

Est-ce pour cela que vous conservez un ancrage belge via la famille Cigrang? 

Dès le départ, le fait de conserver un actionnariat local historique a été vu comme un plus. Certains concurrents qui étaient en lice pour l’acquisition de Degroof Petercam considéraient que c’était un inconvénient. Pour nous, ça a été tout de suite un point fort. Pourquoi ? Parce que cela instaure une continuité dans l’histoire du groupe Degroof Petercam et la promotion de ses valeurs. Des valeurs, notamment d’entrepreneuriat, que nous partageons. Nous avons tout à apprendre de notre partenaire. A ce jour, nous détenons 65 % du capital de Degroof Petercam et nous allons lancer une OPA volontaire pour essayer de recueillir les 11 % qui sont encore dans les mains des actionnaires minoritaires. Mais notre partenariat avec la famille Cigrang (CLdN Cobelfret), qui détient 20 %, est un partenariat à long terme qui est amené à durer.

Vous parlez de faire plus et mieux, et donc de de mise en commun des moyens humains et financiers. Faut-il s’attendre à des rationalisations, à des pertes d’emplois ?

Le groupe Crédit Agricole est un groupe mutualiste qui privilégie la présence locale. Son organisation est très décentralisée. Pour reprendre les termes de notre directeur général, il n’y a pas de centre et il n’y a pas de périphérie. Le but n’est pas de faire de Degroof Petercam un jardin à la française.

Que va devenir le nom Degroof Petercam : est-il amené à disparaître ?

L’objectif est de conserver l’autonomie et la responsabilité des dirigeants. Et c’est dans ce cadre-là que le groupe rejoint la famille Indosuez et rejoint la famille Crédit Agricole. Une famille au sein de laquelle va conserver sa marque et son autonomie, tout en profitant également de tous les compléments d’expertise et de capacité de cette nouvelle famille.

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