“Impossible d’être optimiste dans le contexte actuel” (Euronext)

Vincent Van Dessel, CEO d'Euronext Bruxelles.

“Il est impossible d’être optimiste dans le contexte actuel” de guerre en Ukraine et d’inflation galopante, a déclaré jeudi Vincent Van Dessel, CEO d’Euronext Bruxelles, en marge de la présentation des résultats semestriels de la place boursière.

Le Bel 20 a perdu 14,5% lors des six premiers mois de 2022. Son petit frère, le Bel Mid, qui regroupe des valeurs moindres et donc moins sensibles à la situation macro-économique, s’en sort un peu mieux (-13,8%).

Les volumes traités par jour au premier semestre ont atteint en moyenne 443 millions d’euros, soit une belle remontée par rapport au résultat historiquement bas de 372 millions enregistré en 2021. “Le premier semestre de l’année est cependant toujours un peu plus élevé”, nuance M. Van Dessel.

En nombre de transactions, 2022 décroche pour l’instant le deuxième meilleur résultat historique, avec 78.884 par jour en moyenne. Soit environ 10.000 de plus qu’en 2021.

AB InBev reste la première capitalisation boursière de la place bruxelloise avec 89 milliards d’euros (-3,4%), suivie par KBC (22 milliards, -29%) et ArgenX qui grimpe sur le podium grâce à un bond de 19%. Elia enregistre la plus forte hausse (+25% à 9,9 milliards).

Le total s’élève à 308 milliards d’euros. Soit une baisse de 50 milliards en six mois.

Au premier semestre de l’année, deux arrivées ont été recensées (Mazaro et Deme) pour quatre départs (FNG, Resilux, Acacia Pharma et Settlements).

Par ailleurs, Euronext Bruxelles a enregistré 32 opérations de levée de capitaux de sociétés cotées sur le marché secondaire. Les montants ont cependant été faibles, puisque le total ne dépasse pas 2,135 milliards d’euros. En 2021, le même nombre d’opérations avait généré plus de 4,4 milliards.

“On constate au niveau européen qu’il y a un réel besoin d’incitants pour les PME, soit les sociétés dont la capitalisation est inférieure au milliard d’euros et qui font vivre l’économie”, plaide le CEO d’Euronext Bruxelles, qui réclame une réduction des prélèvements à la source pour ces entreprises.

Les jeunes, par exemple, sont davantage attirés par de grosses valeurs internationales, constate M. Van Dessel. “Mais ils se rendent compte qu’on ne peut pas gagner à chaque fois. Nous aimerions les attirer vers des sociétés plus proches d’eux, où leur investissement serait beaucoup plus significatif. Il y a aussi un travail à faire pour renforcer l’intérêt pour les produits dérivés, qui sont en baisse alors qu’ils constituent une opportunité d’investir à moindre risque.”

Autre recommandation d’Euronext: diminuer l’imposition sur l’actionnariat salarié pour inciter les employés à devenir part de leur entreprise. Ce qui impliquerait davantage les travailleurs tout en leur permettant d’éventuellement en retirer des bénéfices en cas de conjoncture favorable, estime le CEO.

A court terme, ce dernier est plutôt pessimiste. “Il y a de quoi être inquiet, les symptômes de la guerre rappellent ce qu’on a pu connaitre par le passé. Il faudrait un événement abrupt pour l’arrêter. L’inflation aide certains pays à rembourser la dette accumulée pendant la crise sanitaire, mais pour la Belgique c’est plus compliqué à cause de l’indexation des salaires. On ne peut pas être optimiste, on est pas encore dans une phase où on voit la fin de cette séquence.”

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