Florence Mélique, Vice-présidente senior de Visa pour la région France, Belgique et Luxembourg, dévoile comment l’intelligence artificielle transforme le paysage des paiements. De la biométrie à la tokenisation, en passant par la lutte contre la fraude, elle explique comment Visa veut allier innovation et sécurité pour offrir aux consommateurs belges une expérience plus fluide, personnalisée et protégée.
Le marché belge des paiements est-il prêt pour l’arrivée massive de l’intelligence artificielle ?
Florence Mélique : Absolument ! La Belgique est l’un des marchés les plus matures d’Europe. Il se trouve à un moment charnière dans sa transformation digitale. Nous passons de l’ère de l’e-commerce à celle du « commerce agentique » (nldr : où un agent d’intelligence artificielle recherche, selon les critères définis par le consommateur, les meilleurs produits au meilleur prix et lui propose une sélection personnalisée. Le consommateur restant entièrement maître de sa décision d’achat). Notre rôle chez Visa est de démocratiser l’accès à ces technologies de pointe, tout en garantissant un très haut niveau de sécurité et de confiance. Nous portons une attention toute particulière à la génération Z qui grandira avec ces innovations.
Concrètement, comment Visa utilise-t-elle l’IA aujourd’hui ?
Nous déployons plus de 100 solutions d’IA à travers le monde avec trois objectifs : accroître la productivité, améliorer l’expérience de paiement et renforcer la lutte contre la fraude. L’une des grandes innovations est Visa Intelligence Commerce. Cette solution permet à des agents IA d’effectuer pour le consommateur des tâches les plus simples comme payer ses factures ou faire ses courses aux recherches les plus sophistiquées comme l’organisation d’un voyage complet. Il est important de préciser que le consommateur garde toujours le plein contrôle : il définit les critères, en particulier les plafonds de paiement, et valide au final chaque transaction.

Voyez-vous un réel potentiel pour ce genre de solution en Belgique ?
45 % des Belges utilisent déjà l’IA. 70 % des 18-24 ans y ont même recours régulièrement. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes.
Quels sont vos partenaires dans ce développement de l’IA ?
Nous collaborons avec des leaders de l’IA générative comme Mistral, OpenAI, Anthropic, IBM, Microsoft, Perplexity, Samsung ou encore la solution de paiement en ligne Stripe. Ces partenariats nous permettent de garantir une IA de pointe, mais aussi sécurisée et personnalisée à l’échelle mondiale.
La confiance est cruciale. Comment rassurez-vous les utilisateurs face aux multiplications de cas de hacking ?
L’IA de Visa opère dans un cadre strict : consentement explicite, contrôle total des données, stockage local et temporaire, jamais partagé avec le moteur d’IA central. Et surtout, chaque transaction est surveillée en temps réel sur notre réseau pour détecter toute anomalie.
Justement, la fraude devient de plus en plus sophistiquée. L’IA est-elle une alliée ou un ennemi dans ce contexte ?
Les deux! L’accélération technologique permet des escroqueries de plus en plus sophistiquées et ciblées. Notre réponse repose sur trois piliers : des infrastructures résilientes, la sécurisation de notre réseau, et la surveillance en temps réel. Nous analysons 65.000 transactions par seconde sur 500 critères. Nous avons bloqué 37 milliards d’euros de fraude en 2023, dont 27 milliards grâce à l’IA d’autorisation avancée. La tokenisation, déjà utilisée pour 50 % de l’e-commerce en Europe, peut encore la réduire de 60 %.
Nous avons aussi investi plus de 10 milliards d’euros ces cinq dernières années dans la cybersécurité et le développement de capacités de détection par IA. L’ensemble de ces initiatives contribue à maintenir la fraude à des niveaux historiquement bas. A l’échelle mondiale elle reste inférieure à 0,1 %. Notre objectif est de garantir des standards de protection parmi les plus élevés au monde tout en offrant une expérience fluide et enrichie tant pour les consommateurs que les commerçants.
L’avenir des paiements sera-t-il entièrement numérique ?
Le mouvement est lancé : paiements mobiles, biométrie, tokenisation…Demain, il suffira d’un regard ou d’un simple geste pour s’identifier et payer, avec à la clé plus de sûreté et une expérience repensée pour la simplicité. L’authentification biométrique, par empreinte digitale, reconnaissance faciale ou vocale, s’impose déjà comme un standard émergent. Elle complète les dispositifs de protection multifactoriels tels que Visa 3D Secure. Autre innovation, les tokens qui remplacent désormais les données bancaires sensibles par des identifiants numériques uniques. Ils garantissent et facilitent chaque transaction. Ces progrès illustrent la transformation digitale profonde des paiements.
Et en termes de gouvernance de l’IA ?
C’est un enjeu essentiel. Chez Visa, l’éthique est au centre de notre approche: le consentement doit être clair, simple et réversible. Nous respectons scrupuleusement les normes et règlementations en vigueur, telles que le RGPD. Et allons même au-delà : pour nous, la protection des données est une condition sine qua none pour préserver la confiance dans le numérique.
Quelles sont vos priorités en Belgique pour les deux prochaines années ?
Tout d’abord, l’innovation. Nous voulons rendre ces avancées accessibles à tous au travers d’une approche en architecture ouverte au bénéfice de l’ensemble de l’écosystème : banques, fintechs, entreprises et commerçants. Ensuite, la personnalisation. Nous nous attachons à offrir des expériences toujours plus exclusives à nos porteurs de cartes Visa en mettant en valeur nos partenariats, de Disney à la FIFA. Et enfin, la protection. Nous avons plus de 1.000 experts en cybersécurité répartis dans trois centres mondiaux de surveillance de nos systèmes, dont un en Europe, qui assurent une protection 24/7.
Peter Theunis nouveau directeur général pour la Belgique et le Luxembourg
Visa annonce la nomination de Peter Theunis à partir de ce 2 septembre au poste de directeur général pour la Belgique et le Luxembourg.Peter Theunis est un spécialiste belge des paiements et de la fintech, avec plus de 20 ans d’expérience dans les paiements et la banque digitale. Co-fondateur de Radar Payments (BPC), il a occupé des responsabilités de SVP / Managing Director Europe chez BPC Banking Technologies, pilotant l’expansion commerciale et la livraison de solutions de processing pour banques, fintechs et acquéreurs à l’international.
Au sein de Visa, Peter Theunis succède à Jean-Marie de Crayencour, ex-country manager pour la Belgique et le Luxembourg, “dans le cadre d’une évolution naturelle de l’organisation », commente Florence Mélique, senior vice-présidente et directrice générale de la région France, Belgique et Luxembourg. Pour cette dernière, cette nomination témoigne de l’investissement stratégique de Visa sur ces deux marchés clés : « Peter Theunis apporte une expertise technique solide et une connaissance approfondie de l’écosystème, des atouts essentiels pour accompagner la transformation digitale des paiements en Belgique et au Luxembourg. »