Grosse pression sur les sept banques européennes encore présentes en Russie

C’est la banque autrichienne Raiffeisen qui est de loin la plus concernée.
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

« Nous envisageons un renforcement plus sévère de nos sanctions contre les banques qui font des affaires en Russie », avertit la secrétaire d’Etat américaine au Trésor, Janet Yellen, lors d’un entretien à l’agence Reuters,  en ajoutant que les banques qui font encore des affaires en Russie prennent énormément de risques (an awful lot of risk).

Sept banques européennes sont en effet encore présentes en Russie : Deutsche Bank, Commerzbank, ING, Intesa Sanpaolo, UniCredit, la banque hongroise OTP et surtout la banque autrichienne Raiffeisen Bank International.

Elles ont versé 800 millions d’euros d’impôts l’an dernier en Russie, grâce à l’explosion de leurs bénéfices (3 milliards d’euros environ l’an dernier),  soutenus par les taux importants (16%) qui sont d’application en Russie.  Ces banques sont en quelques sorte prise sau piège : puisqu’elles ne peuvent pas sortir leurs profits de la Russie, elles les réinvestissent, et les intérêts cumulés, avec des taux à deux chiffres, deviennent considérables.

Les 120 filiales de Raiffeisen

C’est la banque autrichienne Raiffeisen qui est de loin la plus concernée : ses bénéfices, réalisés pour moitié en Russie, ont explosé, passant de 0,5 milliard d’euros en 2021, à 2 milliards en 2022 et 2,4 milliards en 2023.  Raiffeisen a 10 000 employés et 120 filiales en Russie.

Mais voilà un an que les autorités américaines, mais aussi la banque centrale européenne, examinent minutieusement les activités de la banque autrichienne.  Ces sept banques ne sont pas aujourd’hui soumises au système de sanction car elles n’effectuent pas d’opérations  jugées illégales selon ce système. Mais elles sont sur la corde raide : les entreprises russes qui opèrent dans des champs qui ne sont pas soumis aux sanctions peuvent effectuer des paiements internationaux par l’intermédiaire de ces banques, qui constituent donc, pour la Russie, une porte d’entrée encore ouverte sur le système financier occidental.

Parias bancaires

Mais ces banques sont bien au fait du danger, qui pourrait aller, aux États-Unis, jusqu’ à un retrait de ces banques du système de paiement en dollar. La Banque centrale européenne est consciente de ce que cela pourrait signifier pour des banques systémiques européennes de se retrouver coupées du système financier américain et de devenir des parias bancaires. La BCE leur a donc envoyé une lettre leur demandant d’accélérer la réduction de leurs activités en Russie et attendrait, selon le Financial Times, un plan concret de leur part au début du mois de juin.

Raiffeisen Bank International, UniCredit, et Intesa Sanpaolo ont donc assez naturellement annoncé leur intention de réduire leurs activités, voire simplement de les céder ; mais, sans compter qu’elles vendraient leur activité pour trois fois rien, cela n’est pas aussi simple. Pour trouver un acquéreur, elles doivent obtenir l’autorisation du Kremlin mais aussi des Occidentaux qui ne désirent pas voir ces actifs être cédés à n’importe qui. La quadrature du cercle.

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