Erik Joly (ABN Amro) : “L’année 2024 s’annonce sportive”
Worldline qui s’effondre en Bourse, BNP Paribas dont les résultats trimestriels déçoivent les marchés, Siemens qui appelle l’État allemand à l’aide, etc. Les mauvaises nouvelles se succèdent et se ressemblent ces derniers jours.
Autant d’indices et de voyants qui laissent présager une fin d’année mouvementée sur le plan économique et boursier ? L’avis d’Erik Joly, chief economist chez ABN Amro Private Banking.
Que vous inspirent les mauvaises nouvelles de ces derniers jours avec des résultats pas toujours positifs et de fortes corrections en Bourse ?
Cela m’a fortement étonné de voir que beaucoup de sociétés ont malgré tout encore su publier des chiffres qui dépassent les attentes des analystes, certainement aux États-Unis, le secteur financier entre autres. Là, 78 % des résultats publiés étaient au-delà des attentes, contre seulement 60 % en Europe. Mais cela s’annonce nettement moins favorable au niveau des perspectives. On voit déjà que bon nombre d’entreprises revoient celles-ci à la baisse, ce qui risque de pénaliser les cours de Bourse à court terme. Les ménages ont tendance à moins dépenser et les sociétés investissent moins également.
Doit-on s’attendre à une fin d’année plus que morose ? Un “Christmas rally” ?
Pour l’instant les marchés restent très incertains. Non seulement les taux se trouvent à des niveaux relativement élevés, mais ils sont plus que probablement là “longer to stay”. Selon moi, c’est ce qui “drive” le marché le plus. Ensuite, il y a évidemment l’aspect géopolitique avec le conflit en Israël ainsi qu’en Ukraine. Le risque majeur serait évidemment que l’Iran soit – d’une façon ou d’une autre – impliqué dans le conflit. Pour l’instant, il y a donc peu de visibilité pour les opérateurs, ce qui risque de mettre un sérieux bémol à un rallye de fin d’année.
Quel est votre scénario économique pour la fin de l’année et 2024 ?
L’année 2024 s’annonce “sportive”. Il conviendra de regarder comment les dilemmes géopolitiques évoluent d’une part. D’autre part, il s’agit d’une année dans laquelle on va assister à beaucoup d’élections (notamment aux États-Unis). Le passé m’a appris qu’il s’agit là bien souvent de périodes très mouvementées et volatiles, mais qu’en définitive ce n’est pas ce qui prime pour le marché. Le facteur à tenir à l’oeil, c’est l’évolution des taux. Selon moi, on a vu le “peak” aussi bien du côté des États-Unis, que du côté de l’Europe. À partir de la fin du premier trimestre de 2024, la FED pourrait commencer à revoir à la baisse ses taux directeurs. Pour l’Europe, je table en tout cas pour la première moitié de l’année. Ce mouvement pourrait très certainement donner un coup de pouce aux marchés. D’autant plus que je pars de l’hypothèse que ni les États-Unis ni l’Europe ne tomberont en récession. Je table plutôt sur un ralentissement de l’économie.
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