En renonçant à sa licence bancaire, Dexia pourrait faire grimper la dette souveraine de la Belgique
Dexia envisage de renoncer à sa licence bancaire. De cette manière, la banque résiduelle souhaite réduire ses coûts. Le revers de cette médaille : la dette souveraine de la Belgique risque d’augmenter en flèche.
Dexia a annoncé que la banque résiduelle envisageait d’abandonner sa licence bancaire au début de l’année 2024. L’institution se trouve ainsi à l’une des dernières étapes de son démantèlement. Dexia avait été transformée en “bad bank” en 2011 afin de gérer au mieux l’énorme portefeuille d’actifs risqués, en essayant de les revendre ou en attendant leurs échéances. Son bilan, qui dépassait autrefois 650 milliards d’euros, a été ramené à 64 milliards d’euros à la fin de l’année dernière. Le portefeuille d’actifs commerciaux est passé de 234 milliards à 33 milliards d’euros en 10 ans. La banque a bénéficié de la hausse des taux d’intérêt au cours des deux dernières années, ce qui a réduit ses besoins en liquidités pour garantir ses swaps de taux d’intérêt.
Le choix de Dexia de renoncer à la licence bancaire présente des inconvénients mais aussi des avantages.
Les inconvénients
1. Grâce à sa licence bancaire, Dexia avait accès à l’Eurosystème des banques centrales qui peuvent ouvrir des lignes de liquidité si les banques sont en difficulté. En pratique, Dexia n’a pas bénéficié de cet avantage depuis la fin de 2021. De plus, Dexia a accéléré la réduction de son bilan ces dernières années, réduisant ainsi ce besoin. Néanmoins, l’institution va créer un nouveau coussin de liquidité pour remplacer la ligne d’urgence des banques centrales.
2. Une licence bancaire est assortie d’un contrôle. Les investisseurs qui achètent des titres de dette de Dexia bénéficient ainsi d’un effet de levier et de confiance. Dexia se finance à hauteur de 75 milliards d’euros sur les marchés grâce à une garantie des Etats belge et français. Pour compenser la suppression de cette supervision, Dexia souligne qu’un comité de contrôle indépendant sera mis en place par les Etats belge et français. Il sera composé de membres ayant une expertise en matière de supervision bancaire. La résolution ordonnée, en prêtant une attention particulière aux risques et à la garantie d’un capital tampon suffisant, se poursuivra en tant que non-banque à partir de début 2024, selon Dexia.
3. En renonçant à la licence bancaire, la société mère Dexia SA n’aura plus le statut de société financière. Cela pourrait conduire l’Europe à considérer Dexia comme un holding d’Etat, ce qui impliquerait que les dettes de Dexia soient ajoutées à celles de ses deux actionnaires, c’est-à-dire les Etats français et belge.
Pour l’Etat belge, déjà aux prises avec un taux d’endettement élevé, cette perspective n’est guère réjouissante. Plusieurs dizaines de milliards de dettes supplémentaires se traduisent rapidement par plusieurs points de pourcentage de dettes en plus par rapport au produit intérieur brut (PIB). La décision à ce sujet est du ressort d’Eurostat, l’office européen des statistiques.
Les avantages
1. Sans licence bancaire, Dexia n’est plus tenu de respecter un certain nombre d’obligations qui sont relativement coûteuses. Il s’agit principalement du paiement de certains frais bancaires. Dexia donne ainsi l’exemple des 65 millions d’euros que sa filiale française Dexia Crédit Local, l’entité titulaire de la licence bancaire, devait payer en 2022 comme contribution au fonds de résolution européen. Cette contribution est absurde car Dexia est elle-même une institution en résolution, qui ne peut pas faire appel aux ressources de ce fonds.
2. Mais il y a d’autres coûts qui disparaîtraient. Les régulateurs exigent des banques qu’elles fassent des rapports détaillés sur leurs activités et leurs risques. Cela occupe une bonne partie des quelque 500 employés de Dexia. Si cette charge réglementaire est supprimée, Dexia pourra alléger et simplifier son organisation, ce qui devrait générer des économies substantielles.
3. Enfin, Dexia n’aurait plus à répondre aux exigences strictes de solvabilité et de liquidité qui s’appliquent aux institutions bancaires. La banque pourrait ainsi disposer d’une plus grande marge de manœuvre pour réduire ses portefeuilles. Jusqu’à présent, Dexia a toujours dû veiller à limiter les pertes afin que les fonds propres ne tombent pas en dessous des minima réglementaires.
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