Drôles de CoCos : pourquoi l’accord UBS-Crédit Suisse ne rassure pas
L’accord de sauvetage de Crédit Suisse par UBS intervenu ce week-end n’a pas rassuré les marché ce lundi.
Pour rappel, UBS a accepté de racheter par échange d’actions son concurrent dans la tourmente pour 3 milliards de francs suisses. Cette opération est également soutenue par la Banque nationale suisse et l’Etat, qui garantissent des lignes de crédits ainsi qu’une partie des pertes de la banque suisse.
Mais ce qui a provoqué l’inquiétude des marchés ce lundi est la décision des autorités helvétiques de laminer davantage certains détenteurs d’obligations que les actionnaires. Les actionnaires de Crédit Suisse récupèrent en effet une petite partie de leur mise, puisqu’ils auront une action UBS pour 22,48 actions Crédit Suisse.
Mais les investisseurs qui détenaient des obligations de type « AT1 » (additional tier one, autrement dit des obligations hybrides) ont tout perdu. « Le soutien exceptionnel de l’État déclenche un amortissement complet de la valeur nominale de tous les emprunts AT1 de Crédit Suisse pour un volume d’environ 16 milliards de francs, et donc une augmentation des fonds propres de base », a précisé la FINMA (le gendarme bancaire suisse).
Les obligations AT1 sont appelées aussi des CoCos (Contingent Convertibles) : c’est un instrument qui a été inventé après la crise de 2008 et qui fait que ces obligations peuvent être converties en actions ou subir une décote définitive pour absorber les pertes et renforcer le capital si le ratio de capital de la banque tombe en dessus d’un certain seuil. Dans le cas de Crédit Suisse, un amortissement a donc été demandé sur les 16 milliards d’AT1, mais il est total et met ces titres à zéro. Les grands perdants, dans cette opération, sont les fonds américains Pimco, Invesco et Bluebay. Et dès lors, un peu partout dans le monde, les investisseurs qui ont acheté ce type de titres pour renforcer le capital des banques cherchent désormais à s’en débarrasser, puisque ces CoCos apparaissent plus risqués encore que les actions bancaires.
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