Comment Belfius a réussi sa mutation
L’entreprise dirigée par Marc Raisière poursuit son impressionnant parcours de croissance. D’une banque classique essentiellement orientée vers les particuliers et le secteur public, Belfius a réussi à se transformer en une enseigne présente dans tous les métiers bancaires et à la pointe en matière de digital.
Marc Raisière peut avoir le sourire. Le CEO de Belfius a dévoilé vendredi dernier de très, très bons résultats pour l’exercice 2019. L’an dernier, le groupe de banque et d’assurance public a en effet dégagé un bénéfice net de 667 millions d’euros, contre 649 millions en 2018, soit une hausse appréciable de 3%.
Depuis sa reprise par l’Etat en 2011, c’est la huitième fois d’affilée que Belfius affiche un résultat net en croissance. Une performance dont le CEO s’est bien évidemment félicité lors de la présentation ces jours-ci des comptes annuels du groupe, au 33e étage de la Tour Rogier, quartier général de Belfius à Bruxelles. Une performance que Marc Raisière a qualifiée de ” très solide “. Mais qui ” ne tombe pas du ciel “, a-t-il ajouté, soulignant que celle-ci était le fruit d’une ” stratégie cohérente et pertinente exécutée avec une grande discipline ” depuis maintenant cinq ans.
Rentable et solide
Flash-back. Nous sommes au printemps 2016, à Londres. Au cours d’une conférence de presse au sommet du Level 39, Marc Raisière présente le nouveau plan stratégique de Belfius pour les cinq années à venir. Un plan baptisé Ambition 2020. Objectif ? Ajouter une centaine de millions d’euros supplémentaires au bénéfice de 2015 et ainsi franchir la barre des 600 millions à l’horizon 2020.
Résultat, cinq ans plus tard ? Check. Avec un bénéfice net qui s’élève désormais à 667 millions d’euros, l’objectif qui visait à dépasser les 600 millions en 2020 est atteint. Le cap symbolique des 700 millions est même à portée de main. Certes, sur ces 667 millions de bénéfice, Belfius ne distribuera cette année que 261 millions à son actionnaire, l’Etat belge, soit 100 millions de moins que lors des deux exercices précédents. Motif ? Il faut des moyens pour continuer à financer la croissance. Et le groupe n’a jamais été aussi solide. Alors qu’il s’élevait à peine à 3,3 milliards d’euros lors du rachat de la banque par l’Etat pour 4 milliards d’euros, le matelas de fonds propres dépasse pour la première fois les 10 milliards d’euros. Soit trois fois plus que lorsque l’entreprise était au bord de la faillite en 2011 !
Une meilleure répartition des revenus
Mais si Marc Raisière se montre satisfait, ce n’est pas uniquement parce que les chiffres sont bons et en croissance depuis huit ans. C’est aussi parce que les objectifs de diversification qu’il s’était fixés voici cinq ans dans le cadre de ce plan Ambition 2025 sont eux aussi atteints.
D’une banque classique essentiellement orientée vers les particuliers et le secteur public, Belfius a réussi à se transformer pour devenir un groupe de bancassurance diversifié présent désormais dans tous les métiers bancaires ( retail, private, wealth, indépendants et PME, corporate, secteur public). Ses rentrées ont augmenté de 5 % à 2,49 milliards d’euros, tiré par la hausse des revenus de la banque (produits d’investissement) et de l’assurance.
L’enseigne affiche en effet une croissance commerciale dans chaque composante de ses revenus. Toujours leader sur le créneau des prêts au secteur public (+ 21 %), elle continue de tourner à plein régime sur le segment de la banque des particuliers avec un volume de prêts hypothécaires en croissance l’an dernier de plus de 30 % (à 8 milliards d’euros).
Côté banque privée et gestion de fortune, ses 270 private bankers ont réussi à attirer 7.700 nouveaux clients. Et, cerise sur le gâteau, elle a gagné son pari de se développer davantage sur le créneau des services de banque destinés aux entreprises.
S’appuyant sur plus de 500 corporate bankers, dont certains débauchés auprès des concurrents directs (ING, BNP Paribas Fortis), elle revendique désormais de 15 à 16 % de parts de marché sur le segment business et corporate (contre 7 à 8 % en 2016). D’aucuns diront que ces chiffres s’expliquent par le fait que Belfius est une banque d’Etat qui peut se permettre de brader les prix au détriment de sa rentabilité ? Faux, rétorque Marc Raisière : ” Belfius ne casse pas les prix ” et ses marges sont ” conformes à celles du marché “.
Toujours plus digitale
Outre cette meilleure répartition des revenus, que Marc Raisière qualifie de ” très belle évolution de ce que nous voulions faire en 2015 “, l’autre grand objectif que s’était fixé Belfius voici cinq ans était de devenir ” la ” référence en Belgique en matière de services bancaires digitaux. Ici aussi, l’ancien Manager de l’Année se dit ” incroyablement fier “. Selon une récente enquête réalisée par l’agence française D-Rating, le taux de satisfaction de son appli, qui totalise plus de 1,4 million d’utilisateurs actifs (+ 13 % par rapport à 2019), dépasse celui des autres applis bancaires belges. Un résultat confirmé par le bureau de conseil international Sia Partners qui a mené une étude similaire auprès de 40 institutions financières, et dont il ressort que Belfius est la deuxième meilleure appli bancaire en Europe.
Les clients peuvent désormais signer de manière électronique un crédit logement. Ils ont également accès à Belfius Pop-up qui permet de commander des tickets de bus ou des titres-services, ainsi que Jaimy, une plateforme digitale qui met en relation avec des professionnels pour réaliser des travaux de rénovation dans la maison.
Côté assurance, tandis que la plateforme Jane aide les seniors isolés à rester plus longtemps et en toute sécurité chez eux, l’assistant virtuel myBo aide pour sa part les clients dans la déclaration d’un sinistre (43 % des dossiers ouverts via le digital).
Des top talents
Malgré des investissements importants dans le numérique (188 millions d’euros) et le recrutement de 281 nouveaux collaborateurs, l’entreprise réussit également à garder ses coûts sous contrôle, lesquels augmentent moins fortement que les revenus. Du coup, le rapport coûts-revenus s’est amélioré pour tomber en dessous de l’objectif de 60 %. Or, plus ce ratio est bas, plus une institution financière est efficace. Une efficacité que Belfius doit à ” l’engagement de ses collaborateurs “, selon Marc Raisière.
La fin du bonus logement en Flandre a poussé la banque à mettre les bouchées doubles pendant le mois de décembre. Sur les 8 milliards d’euros de nouveaux prêts hypothécaires produits l’an dernier, 1,7 milliard l’a été rien que durant le mois de décembre (contre en moyenne 300 à 500 millions d’euros). ” C’est exceptionnel, n’a pas manqué de souligner le CEO lors de la présentation des comptes annuels voici quelques jours. Toutes les offres ont été traitées en trois jours. Les collaborateurs ont travaillé plusieurs week-ends d’affilée. Nous avons des top talents. C’est grâce à eux que Belfius est devenu un bancassureur innovant. ”
Cap maintenant vers 2025 avec un nouveau plan stratégique à cinq ans (baptisé Meaningful and inspiring for the Belgian society, together) dont Marc Raisière dévoilera prochainement les contours à la presse.
Annoncé comme partant, Jos Clijsters ne quittera pas tout de suite son fauteuil de président du conseil d’administration. Il sera en effet proposé lors de la prochaine assemblée générale de prolonger son mandat pour une période maximale de deux ans. Le temps de lui trouver un successeur. Pressenti pour reprendre le flambeau, Filip Dierckx, ex-numéro deux de BNP Paribas Fortis, a en effet été recalé (in extremis) par les régulateurs.
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