Cinq choses à savoir sur les agences de notation

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A la fois indispensables et accusées de tous les maux, les agences de notation jugent la qualité de la dette de la plupart des pays et des grandes entreprises et influencent les marchés qui suivent de près leurs évaluations. Standard & Poor’s doit annoncer vendredi le sort qu’elle réserve à l’Italie, dont le projet de budget a été rejeté mardi par Bruxelles.

– Le rôle des agences de notation

Les trois agences principales sont américaines: Moody’s, Fitch Ratings et S&P Global, autrefois Standard and Poor’s. La plupart des Etats et des grandes entreprises les rémunèrent pour qu’elles jugent la qualité de leur dette. Sans cette évaluation, en principe jugée crédible et impartiale, nombre d’investisseurs refuseraient d’acheter leurs obligations. En fonction de la note attribuée par les agences, les taux d’intérêt fluctuent. Un pays dégradé est souvent contraint par la suite à payer des taux d’intérêt plus élevés sur les obligations qu’il émet.

– La note

La note s’échelonne de AAA (la meilleure) à D (en défaut). Le fameux triple A est un club très sélect dont font partie seulement 11 pays (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Suède, Norvège, Suisse, Liechtenstein, Luxembourg, Canada, Australie et Singapour). A l’autre bout du classement, le Venezuela et le Mozambique, pays jugés dans l’incapacité de rembourser leurs dettes.

Les agences peuvent modifier la note, mais ont aussi la possibilité de se limiter à un changement de perspective, mesure qui ouvre la voie à une prochaine révision. La note est révisée au moins une fois par an, mais aussi à chaque fois que l’agence le jugera nécessaire, en cas d’événement politique, social ou économique majeur, ou d’une acquisition par exemple pour le secteur privé.

– Le poids sur l’action de l’Etat

La dégradation de la note est toujours mal acceptée par les Etats, qui se retrouvent contraints à payer plus cher le service de leurs dettes. Lorsque la crise financière de 2008 a secoué l’Europe, de Paris à Berlin en passant par Bruxelles, les responsables politiques avaient qualifié d'”aberrant”, “à contretemps” ou “suspect” la dégradation d’un seul coup de neuf pays de la zone euro en février 2012. Les agences ont à de nombreuses reprises été conspuées pour leur rôle dans les crises économiques à travers le monde depuis leur création au début du siècle dernier.

– La pression des agences de notation

Avec leur notation, les agences exercent une forte pression sur les Etats et les entreprises. Si elles jugent qu’une dette devient insoutenable, les répercussions sont immédiates sur les marchés. Un gouvernement peut dès lors être forcé de prendre des mesures drastiques pour rassurer les investisseurs, en taillant notamment dans la dépense publique. “La vraie capacité aujourd’hui de contraindre un gouvernement, ce sont les marchés financiers”, a expliqué Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.

– Des agences infaillibles ?

Après la faillite de Lehman Brothers en 2008, les agences de notation ont été fortement critiquées pour avoir contribué à la crise financière la plus grave depuis celle de 1929 en surévaluant la qualité des produits dérivés adossés aux emprunts immobiliers à risque (“subprimes”) achetés par de nombreuses banques et fonds dans le monde. Quand la bulle immobilière américaine s’est dégonflée, cela s’est traduit par des défauts de paiements par centaines de milliers, qui ont à leur tour entraîné de très lourdes pertes pour de nombreuses banques ayant acheté des dérivés de ces crédits risqués.

En pleine crise, les chefs d’Etat européens avaient appelé à “examiner le rôle des agences de notation” et même envisagé de créer une agence de notation européenne, face aux organismes américains accusés de jeter de l’huile sur le feu. Cette agence n’a pas vu le jour.

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