Ce que vous pouvez faire en 2021 si vous être membre du club des millionnaires
C’est du jamais vu! Vendredi 11 décembre, un français a remporté un gain de 200 millions d’euros à l’EuroMillions, un montant jamais atteint dans l’Hexagone. Il aura fallu cinq jours à l’heureux gagnant avant de se manifester auprès de la Française des Jeux. Est-ce que notre veinard a-t-il mis à profit cette période pour plancher sur la manière dont il allait investir son pactole? Il faut dire que gérer une somme pareille n’est pas forcément chose aisée et cela demandera à ce nouveau multimillionnaire d’être bien accompagné.
En tant que gérant de fortune, family office et co-fondateur de la société Waterloo Asset Management www.waterloo-am.com, je me suis intéressé à l’attitude que vous pourriez avoir si vous étiez ce fameux gagnant, à la manière dont vous seriez probablement conseillé et aux surprises auxquelles vous pourriez faire face. J’ai pris l’hypothèse pour cet exercice que vous n’êtes pas coutumier des placements financiers et que vous résidez en Belgique (ou que vous vous décidez de vous y installer).
1 – L’attente
Pour la personne qui n’a pas l’habitude de gérer des sommes aussi pharaoniques, cette gestion pourrait faire peur. Un des premiers réflexes naturels pour le chanceux que vous êtes pourrait être la paralysie. Face à l’inconnu, il est parfois plus facile d’attendre, de se poser et de se laisser le temps de réfléchir à sa nouvelle vie ou de déjà penser au yacht ou à la voiture de rêve que l’on pilotera d’ici quelques semaines.
Une fois votre chèque encaissé et la somme versée dans plusieurs institutions financières, votre souhait qui consistait à contempler avec bonheur le solde de vos comptes, viendra malheureusement être très rapidement chamboulé !
Vous découvrirez alors avec stupeur que le solde de vos comptes ne sont pas figés dans la glace comme vous le pensiez mais diminuent de jour en jour… Vous prendrez alors votre téléphone et appellerez avec inquiétude le banquier privé qui vous avait fait ce si joli sourire lors de votre première rencontre. Ce dernier vous apprendra alors qu’à défaut d’investir ces montants, la banque vous appliquera un taux d’intérêt négatif sur votre compte pouvant atteindre 0,5% l’an !
En contemplant vos soldes bancaires de manière passive, vous vous retrouverez avec des intérêts débiteurs de 2.740 Eur par jour, 19.230 Eur par semaine ou encore 1 million d’euros l’an. L’attente n’est donc pas une solution et reviendrait à voir votre capital fondre petit à petit. A ce taux d’intérêt négatif, il faudra par ailleurs rajouter la perte liée à l’inflation. L’inflation est la hausse générale des prix d’une année à l’autre. Même si cette inflation a été faible en 2020, elle devrait se situer en Belgique aux alentours de 1,5% à l’horizon 2021-2022, soit une perte cumulée de presque 2% par an ou 4 millions d’euros par année d’investissement. Cumulée sur 10 ans, elle représente une baisse de pouvoir d’achat de 22% !
2- La planification successorale
Ne souhaitant pas vous faire avoir une deuxième fois, vous exigerez à juste titre de votre banquier privé qu’il vous explique tout ce qui pourrait venir impacter à la baisse votre nouveau patrimoine.
C’est à ce moment-là que la question épineuse de la planification successorale devrait en principe être soulevée.
Heureusement bien assis sur votre chaise, votre banquier, dont la bonhomie vous paraît de plus en plus suspecte, vous expliquera que si par malheur vous vous étiez fait renverser par un camion la veille ou pire encore qu’un météorite vous était tombé dessus (la probabilité n’étant finalement pas tellement plus élevée que de gagner la super cagnotte), votre femme et vos enfants auraient dû s’acquitter de droits de succession avoisinant les 30% du montant gagné soit la bagatelle de 60.000.000 Eur.
Un brin superstitieux depuis que vous avez été frappé par la chance, vous voudrez au plus vite trouver une solution pour faire perdurer ce capital sur au minimum deux à trois générations.
Bonne nouvelle ! Il existe dans notre plat pays un arsenal de moyens qui vous permettrons de solutionner cette problématique et de planifier votre succession.
Une des solutions qui pourrait vous être proposée sera de constituer ce qu’on appelle une société simple. Cette dernière vous permettra de continuer à assurer le suivi de la gestion de votre patrimoine tout en y associant vos héritiers. Femme et enfants seront propriétaires d’une partie ou de la totalité de la nue-propriété des actions de la nouvelle structure, dont vous aurez conservé les fruits. Cette société sans personnalité juridique et transparente fiscalement permettra en cas de décès inopiné, d’annihiler compétemment l’impact des droits de succession tout en vous assurant de très généreux dividendes. Ouf. Vous pouvez à nouveau respirer !
3- L’investissement
Ayant compris que l’attente n’était pas la solution et ayant entrepris les démarches pour planifier votre succession, vous êtes enfin prêt à investir ! Vous êtes passé maintenant du stade de la paralysie au stade de la réflexion sur la diversification de votre investissement. Vous savez maintenant que vous ne pouvez pas laisser cette somme dormir sur votre compte à moins de la voir inexorablement diminuer de jour en jour.
Vous êtes psychologiquement prêt, il reste un détail, comment s’y prendre et quels actifs choisir ?
Concrètement, le portefeuille des investisseurs fortunés s’articule le plus souvent autour de quatre grands axes :
- I.L’immobilier
- II.Le patrimoine mobilier côté
- III. Le patrimoine mobilier non-côté ou Private Equity
- IV.Les investissements alternatifs
I. L’immobilier
La plupart des belges sont nés avec une brique dans le ventre et investir dans cet actif leur paraît plutôt naturel et présente ce côté rassurant du fait qu’il s’agit d’un actif palpable.
L’immobilier devra bien entendu faire partie de la diversification de votre nouveau patrimoine. Néanmoins, afin de ne pas transformer votre vie de rentier en enfer, vous aurez intérêt à ne pas multiplier les petits projets et à vous concentrer sur des immeubles de rapport ou pourquoi pas, vu votre surface financière, à devenir promoteur.
Bien investir en immobilier est un art et vous devrez bien entendu être bien accompagné afin notamment de comprendre les enjeux règlementaires et fiscaux relatifs à l’immobilier belge. Vous veillerez par ailleurs à diversifier vos investissements géographiquement.
Heureusement pour vous, notre pays regorge de professionnels de l’immobilier. Nous avons en effet une expertise reconnue dans le domaine et il n’est pas rare de voir des sociétés de promotions et de constructions belges gérer des projets à l’international.
L’investissement dans la brique aura également l’avantage de pouvoir vous permettre de faire appel à l’effet levier c’est-à-dire à l’emprunt.
Actuellement, il est possible d’emprunter jusqu’à 80% du montant de votre investissement, ce levier vous permettra d’augmenter votre rentabilité et d’accroître votre patrimoine au fil du temps.
II. Le patrimoine mobilier côté
Le patrimoine mobilier côté -c’est-à-dire les placements boursiers- constitue depuis le début du 20ième siècle le socle de base du portefeuille des investisseurs.
En tant qu'”Ultra High Net Worth Individual” ou super riche, il vous faudra très rapidement vous familiariser avec le jargon lié à ce type de placement et aux différentes stratégies proposées par les nombreux gestionnaires de fortunes et banquiers privés qui campent devant le palier de votre porte depuis que vous leur avez montré le fameux billet gagnant.
En dehors de la diversification par classe d’actifs (actions, obligations, métaux précieux, etc.), géographique et sectorielle, l’investisseur que vous êtes devra être attentif à diversifier ses investissements mobiliers selon un large panel de conviction d’investissements.
En effet, aussi bon soit votre gestionnaire, il n’est à l’abri d’une erreur de jugement dans son allocation stratégique. En s’appuyant sur plusieurs gestionnaires, vous diminuerez sensiblement le risque d’avoir confié votre patrimoine à un gérant sous-performant. On parle alors de diversification de convictions de stratégies d’investissement, complémentaires à une diversification d’actifs.
Dans ce cadre, le rôle d’un family office pourrait s’avérer crucial afin de sélectionner et suivre les différents gestionnaires.
Ce bureau de famille pourra également évaluer l’impact de la fiscalité mobilière sur le rendement de vos investissements afin de vous proposer la solution la plus adaptée.
Pour des raisons d’optimisation fiscale et de planification patrimoniale, un investissement par le biais d’une assurance-vie de type “fonds dédiés” vous sera très certainement proposé. Ce type de structure patrimoniale est en effet utilisée depuis de longues années maintenant par les grandes fortunes belges et françaises.
III. Le private Equity
La plupart des multi-millionnaires investissent également une partie de leurs avoirs dans des sociétés non cotées, c’est ce qu’on appelle le Private Equity.
Ce type d’investissement consiste à accompagner des petites et moyennes entreprises dans leur développement. Ces sociétés font la plupart du temps appel à des investisseurs privés pour les aider à financer leur développement et leur croissance.
La liquidité de ce type de placement est quasi inexistante dans les premières années d’investissements et malheureusement beaucoup de projets se termine par une perte sèche pour l’investisseur. Il vous faudra dès lors être d’une prudence de sioux avant de vous y aventurer. Néanmoins, en sélectionnant bien les sociétés prometteuses, et en diversifiant -pourquoi pas- par le biais d’un fonds, il vous sera possible de multiplier la valeur de votre investissement tout en soutenant l’entreprenariat.
A nouveau, l’accompagnement sera la clé et la Belgique compte une fois encore un grand nombre d’équipes de qualité spécialisées dans ce domaine. Afin d’aligner vos intérêts avec celui de vos conseillers, il vous sera loisible de sélectionner uniquement une équipe investissant ses propres deniers dans les projets qu’ils recommandent.
IV. Les investissements alternatifs
L’investissement dans l’art, dans les voitures de collections ou dans les grands crus font bien entendu partie du portefeuille de tout super riche qui se respecte et il n’y a aucune raison que vous n’en profitiez pas.
Bien entendu, ces investissements hyper spéculatifs, ne devront pour bien faire ne représenter qu’une infime partie de votre portefeuille total.
Ce type d’investissement peut s’avérer en effet très risqué. Si on prend l’exemple de l’investissement dans le vin, celui-ci ne pourra en réalité se limiter qu’à un nombre très restreint de grands crus. En effet, une des caractéristiques du vin, en tant qu’actif financier, est son problème de liquidité ! En effet, la liquidité d’un actif représente la facilité avec laquelle celui-ci peut être revendu à une contrepartie. Or, en dehors des très grandes étiquettes, il n’existe pas réellement de bourse du vin. La première chose à savoir avant d’investir dans cet actif alternatif est qu’il vous faudra, si votre but n’est pas simplement de boire le breuvage, de vous limiter aux vins d’exception, aux étiquettes, c’est à dire une liste restreinte d’une petite centaine de bouteilles parmi lesquels on retrouve les vins de légende comme le Château Petrus, le Domaine de la Romanée-Conti ou encore le Château Laffite-Rothschild pour ne citer qu’eux.
Je terminerai ce guide à l’usage du super riche que vous êtes devenu le temps de cet article par un conseil de Warren Buffet, un des plus brillants investisseurs de notre temps à la tête d’une fortune de 85 milliards d’USD : “Si vous ne connaissez pas les bijoux, connaissez le bijoutier”. En d’autres termes, si vous voulez réussir votre nouvelle vie de multimillionnaire, il vous faudra sélectionner avec soin votre conseiller et utiliser ses compétences et son talent à votre profit.
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