BNP Paribas Fortis se raccroche au train du crowdfunding
La banque annonce un partenariat avec MyMicroInvest, pionnier belge du crowdfunding. Seul hic : on ne voit pas très bien en quoi consiste cette collaboration. Plus étonnant : MyMicroInvest devrait annoncer jeudi un deal plus structuré avec… Keytrade. Explications.
Un partenariat dans le domaine du crowdfunding. Voilà la bonne nouvelle annoncée ce matin par BNP Paribas Fortis et MyMicroInvest par communiqué de presse. Un communiqué particulièrement peu loquace sur les “détails” de ce partenariat. La seule explication : “Désormais, BNP Paribas Fortis mettra les entrepreneurs à la recherche d’une plus grande diversité dans leurs sources de financement et de modes de financement alternatifs en contact avec MyMicroInvest”. Autrement dit, la banque renverra ses clients entrepreneurs à la recherche de nouvelles sources de financement vers la start-up de crowdfunding. “A ses clients, BNP Paribas Fortis apportera une solution de financement aux entrepreneurs qui cherchent de l’argent mais ne veulent pas seulement du crédit”, commente Guillaume Desclée, CEO de MyMicroInvest.
Une vague moderne et innovante
Néanmoins, on ne voit aucun réel engagement financier de la part de la banque dans le crowdfunding, un domaine encore niche dans notre pays puisque, selon une étude de KPMG, à peine 2 millions d’euros auraient été récolté en 2014 de cette manière. “C’est vrai, il n’y a pas de rétribution directe pour BNP Paribas Fortis ni de prise de participation dans MyMicroInvest, admet Pamela Renders, strategic advisor chez BNP Paribas Fortis. Mais il s’agit de proposer un service à notre clientèle d’entrepreneurs.”
Surtout, le crowdfunding a la cote : il est moderne, innovant et à la mode dans notre société de plus en plus numérique. Du coup, il semblait sans doute impensable que BNP Paribas Fortis ne saute pas dans le train. D’où cette “association” avec un acteur déjà établi. Un partenariat rapide, sans réel engagement et qui permet de se parer d’une image dans le vent. Une réaction au lancement fin septembre de Bolero Crowdfunding par KBC ? On ne comprend pas, en effet, que BNP Paribas Fortis n’a pas monté sa propre structure dans le crowdfunding, elle qui a bien créé une autre marque, comme Hello Bank, la première banque mobile sur notre marché. Cela aurait d’ailleurs fait sens dans la démarche de BNP qui s’implique dans la “relance” de Co.Station, un accélérateur de start-up en Belgique.
Association avec Keytrade
Le plus étonnant : MyMicroInvest s’est également associée à Keytrade et organise dans à peine 2 jours un événement en direct durant lequel 3 entrepreneurs viendront présenter un projet, pendant que les clients investisseurs de Keytrade vont pouvoir financer, de chez eux, ces start-ups. Une jolie visibilité pour MyMicroInvest, comme pour Keytrade qui partagent, d’ailleurs, le même… papa. En effet, on se souviendra que Keytrade a été fondée par José Zurstrassen qui l’a revendue au Credit Agricole. Et qui est également à l’origine de MyMicroInvest.
Et selon nos informations, MyMicroInvest et Keytrade annonceront dès jeudi un partenariat inscrit sur la durée qui permettra à la start-up belge d’adresser les projets soumis à crowdfunding directement dans la plateforme de Keytrade. Ce que ni Keytrade, ni MyMicroInvest ne confirment. Ces deux-là entretiennent pourtant un lien naturel : Keytrade entend se positionner comme point de départ pour tous les investisseurs… Et MyMicroinvest est à la recherche de ces investisseurs.
Tripartite…vraiment ?
Bref, l’annonce de BNP Paribas Fortis ressemble à un dernier wagon que l’on accroche à un projet tant bien que mal. Pamela Renders insiste sur l’apport de BNP Paribas Fortis : “notre partenariat est focalisé sur le côté entrepreneurs et nous apporterons de bons projets d’entrepreneurs à MyMicroInvest.” Qui trouveront des investisseurs, entre autres, chez Keytrade, un concurrent. Pas totalement incompatible, c’est vrai. “Deux histoires concertées et complémentaires” souligne Olivier Debehogne, responsable marketing chez Keytrade. Cette “tripartite” de fait n’est pourtant pas “marketée” de la sorte.
Reste que pour la start-up belge co-lancée par le serial entrepreneur José Zurstrassen (Skynet, Keytrade…) c’est tout bonus. Elle mène sa barque à la perfection. Même si l’on est encore loin d’un succès d’échelle sur notre petit marché, elle place ses pions correctement dans le paysage belge du financement participatif. Elle a déjà l’image de pionnière et de leader en Belgique dans son créneau.Elle prétend avoir attiré plus de 20.000 membres depuis son lancement en 2012, financé 19 start-ups à concurrence de 5,1 millions d’euros.
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