Bernard Keppenne: “Quand tout flambe, le pétrole baisse, un contraste très géopolitique”

Bernard Keppenne, éconmiste en chef chez CBC © PG
Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Pour l’économiste de la banque CBC, la baisse actuelle des prix du pétrole n’est pas le fruit du hasard, mais résulte d’une stratégie délibérée de l’Arabie saoudite visant à casser le marché.  

Comment expliquer que le pétrole, qui tourne actuellement autour des 65 dollars, soit si bon marché ?

Le pétrole dépend très fortement des décisions de l’Opep+, c’est-à-dire le club des pays producteurs de pétrole élargi à la Russie notamment. La mécanique est assez simple : dans un contexte où il existe déjà un excédent d’offre par rapport à la demande mondiale, toute nouvelle augmentation de l’offre provoque inévitablement une baisse des prix. C’est ce qui explique un niveau de prix comparable à celui de début 2021, juste après la crise du Covid, lorsque l’économie mondiale redémarrait timidement et que la demande restait contenue.

Pourtant, certaines matières premières comme le cuivre ou l’argent voient leurs prix flamber. Comment expliquer ce contraste ?

Effectivement, on observe une divergence. Le cuivre, par exemple, est porté par la transition énergétique et la demande croissante pour les véhicules électriques et les infrastructures vertes. Le pétrole, lui, reste un marché en cartel et soumis à une logique géopolitique. Clairement, l’Arabie saoudite veut casser le marché : elle est prête à supporter un prix du baril plus bas. Grâce à ses coûts de production qui sont parmi les plus faibles au monde, elle peut mettre à mal un certain nombre de concurrents, notamment les producteurs de pétrole de schiste aux États-Unis.

Ce qui arrange Trump ?

Totalement. Un pétrole bon marché, c’est une essence moins chère pour le consommateur américain, et donc un argument politique fort. C’est d’ailleurs l’une des promesses phares de Donald Trump : maintenir un prix de l’énergie bas pour soutenir le pouvoir d’achat et l’économie domestique. En ce sens, la baisse actuelle du baril sert indirectement ses intérêts.

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