Banx bientôt au cimetière des marques bancaires?
L’application bancaire développée par Belfius et Proximus ne rencontrerait pas le succès escompté et pourrait être retirée du marché, selon les informations du journal L’Echo.
Banx, la banque 100 % digitale développée par Belfius et Proximus, va-t-elle rejoindre le cimetière des marques bancaires ? C’est du moins ce que croient savoir nos confrères du journal L’Echo qui indiquent dans leur édition de ce vendredi que “Belfius et Proximus pourraient prochainement retirer la prise de cette plateforme digitale lancée il y a précisément deux ans.” En cause : “un succès plus que mitigé”.
Un peu tard
Lancée en fanfare en octobre 2021 par le bancassureur et l’opérateur télécom, Banx avait pourtant tout pour devenir “la meilleure du monde”, selon les termes à l’époque du CEO de Belfius Marc Raisière. Au départ, il s’agissait pour Belfius de s’appuyer sur sa propre application mobile pour développer en marque blanche une offre bancaire de base (application, carte, quelques produits de placement, etc.) destinée à venir étoffer la gamme de produits disponibles pour les clients de Proximus. Le tout avec une touche “durable” pour se démarquer des autres néo-banques telles que Revolut. Mais voilà : deux ans après sa mise sur le marché, “Banx est pourtant loin d’avoir convaincu les foules”, toujours selon les informations de L’Echo.
Il est vrai que depuis le début Belfius se montre très évasif sur le sujet et ne donne aucun chiffre sur le nombre de clients captés par Banx, renvoyant d’ailleurs régulièrement la question des journalistes chez Proximus. Quant à son jeune patron, Izzy Van Aelst, il a quitté le job pour prendre la direction chez Belfius de la plateforme d’investissement mobile ReBel, qui, elle, marche bien. Et donc, “Banx est une entreprise innovante qui s’adresse à un public de niche qui cherche la durabilité”, se borne à indiquer Belfius tout en reconnaissant que “lancer une nouvelle application bancaire sur un marché mature comme la Belgique n’est naturellement pas évident, ce qui se traduit par un démarrage plus lent de l’adoption de cette proposition de valeur”.
Banx est pourtant une offre digitale performante, selon Anthony Wolf, associé au sein de la firme de conseil Sia Partners. “La qualité du service a toujours été là. Son positionnement est intéressant. Il répond à une attente croissante de la population face au défi climatique.” Alors, pourquoi la mayonnaise n’a pas pris ? “L’offre est peut-être arrivée un peu tard, poursuit Anthony Wolf. Certaines préoccupations du quotidien comme l’augmentation du coût de la vie ou la hausse des taux d’intérêt font que les clients attendent sans doute aujourd’hui plus de leur banque qu’elle leur apporte des solutions plutôt que de devoir se tourner vers un nouvel acteur”, estime l’expert de Sia Partners, dont le récent hit-parade des meilleures applications bancaires classe Banx en troisième position sur le marché belge derrière KBC (et CBC) et Belfius.
La faute à Proximus ?
Mais il est un autre élément pouvant expliquer les résultats décevants. “Proximus n’a jamais démontré une volonté claire de vouloir promouvoir Banx alors que c’était dans le partenariat son rôle, prolonge Anthony Wolf. Belfius a construit la solution et Proximus doit la promouvoir auprès de ses propres clients. Et c’est là que, moi en tant que client Proximus, je n’ai toujours rien vu. A contrario, pour l’autre volet du partenariat entre Belfius et Proximus qu’est Beats, je constate que Belfius a massivement investi dans des campagnes de promotion et, sans avoir les chiffres exacts, l’offre semble bien fonctionner.”
De fait, les choses semblent aller mieux pour Beats. Les ventes ont quadruplé depuis le lancement, indique Belfius. “Nous observons même une accélération en 2023 avec des ventes qui ont presque doublé par rapport à la même période l’année dernière, ce qui prouve que Beats telco fait désormais partie intégrante de notre approche commerciale”, précise le bancassureur qui s’attend encore à une accélération dans les prochains mois grâce à diverses actions commerciales telle que la toute récente visant à offrir un an d’Internet aux clients optant pour un crédit logement chez Belfius
Le fiasco d’Orange Bank
On rappellera que la collaboration entre Proximus et Belfius couvre en effet deux volets : d’un côté, le volet Beats qui vise à proposer des offres télécom aux clients Belfius via ses canaux bancaires. De l’autre, Banx, une nouvelle expérience bancaire belge entièrement digitale imaginée par Proximus et développée par Belfius. Cela étant, marier banque et télécom n’a jamais été simple. Les exemples d’incursion d’opérateurs télécom dans le secteur bancaire qui n’ont pas porté leurs fruits ne manquent pas. On pense notamment en France à l’échec d’Orange Bank lancée par l’opérateur français en 2017. Le projet a englouti plusieurs centaines de millions d’euros. La solution va d’ailleurs être retirée du marché. Alors, Banx subira-t-elle le même sort ? L’avenir le dira. En attendant, il est clair, que comme l’explique Anthony Wolf, les banques traditionnelles sont aujourd’hui en mesure de proposer une offre tout aussi bonne, ou même meilleure, que les néo-banques du type Banx, “ce qui commence à se ressentir, en tout cas en Belgique, où le taux d’acquisition de nouveaux clients par ces néo-banques n’est plus aussi fort qu’il y a quelques années”, conclut l’associé de Sia Partners.
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