Banques centrales sous tension : la BRI monte au front

Bank for International Settlements (BIS)/BRI © Getty

Face aux critiques répétées de Donald Trump contre la Réserve fédérale américaine, la Banque des règlements internationaux (BRI) rappelle l’importance de laisser les banques centrales agir sans interférence politique. Elle met en garde contre des risques plus larges pour la stabilité financière mondiale.

La banque des règlements internationaux (BRI) a rappelé dimanche l’importance de l’indépendance des banques centrales, à l’heure où le flot de critiques de Donald Trump à l’égard du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) suscite des inquiétudes.

« L’incertitude politique accrue et l’effritement des relations commerciales ont affaibli les perspectives de croissance, tandis que les vulnérabilités existantes aggravent les risques et rendent les économies plus exposées aux pressions inflationnistes », souligne la BRI dans son rapport annuel.

Dans ce rapport publiée dimanche, la BRI – une institution considérée comme la banque centrale des banques centrales – a passé en revue les grands défis susceptibles d’affecter les politiques monétaires, dont les tensions commerciales avec les droits de douane et les niveaux élevés de dettes publiques de différents pays. Mais cette institution basée à Bâle, en Suisse, a également à plusieurs reprises évoqué la question de l’indépendance des banques centrales, qui doivent pouvoir agir sans “interférence politique” pour mener à bien leur mission, a souligné le rapport.

L’importance de l’indépendance des banques centrales

« Alors que les banques centrales se concentrent sur la stabilité des prix, les gouvernements doivent soutenir les réformes structurelles et gérer les finances publiques de manière durable afin de favoriser la croissance et répondre aux besoins futurs », avertit encore la BRI.

Lors d’une conférence en amont de ce rapport, son président, Agustin Carstens, n’a pas souhaité faire de commentaire sur les virulentes critiques du président des Etats-Unis à l’égard de Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, mais a rappelé l’importance de l’indépendance des banques centrales.

Bank for International Settlements (BIS) General Manager Agustin Carstens

« Le rôle accru des acteurs non bancaires, notamment leur orientation vers le financement de la dette publique, renforce la transmission internationale des conditions financières ainsi que les risques pour la stabilité financière », alerte également la BRI, pointant du doigt une évolution préoccupante du système financier.

Une banque centrale est “une institution qui doit pouvoir faire ce qu’elle juge nécessaire pour préserver la stabilité financière et la valeur de sa monnaie nationale” afin de maintenir “les conditions pour qu’une économie fonctionne de manière saine”, a-t-il insisté. Et ce, même si “ce qui doit être fait ne correspond pas à ce qu’aimerait voir un gouvernement”, a-t-il défendu.

En plus de défendre l’indépendance institutionnelle des banques centrales, la BRI s’alarme d’un enchevêtrement de facteurs – politiques, financiers, structurels – qui compliquent la conduite des politiques monétaires et pourraient fragiliser la stabilité mondiale.

Critiques de Trump contre M. Powell ont fait baisser le dollar

Dans un message publié mardi sur son réseau social Truth, le président américain a qualifié M. Powell de “bête” et “têtu”. Depuis plusieurs mois, Donald Trump, qui voudrait voir les taux d’intérêt baisser, lui reproche de mener une politique monétaire trop restrictive, M. Powell défendant, lui, l’idée que la Fed peut encore attendre, notamment pour connaître les effets les droits de douane sur l’inflation et l’activité économique.

Jeudi, de nouvelles critiques de M. Trump contre M. Powell ont fait baisser le dollar. Le président américain a évoqué un possible successeur, ce qui a inquiété les marchés sur l’indépendance de la plus puissante banque centrale du monde. Selon la BRI, les banques centrales sont confrontées à une situation économique complexe, qui les oblige à procéder à un délicat arbitrage pour décider si elles doivent continuer d’abaisser leurs taux d’intérêts ou au contraire les mettre en pause.

Dans son rapport annuel, la BRI a souligné que “cet arbitrage est particulièrement difficile” compte tenu du manque de clarté “concernant les effets des droits de douane mis en place jusqu’à présent” et “l’incertitude concernant les futures mesures potentielles”.

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