Argenta, KBC, Belfius… : les banques belges ont faim

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Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Argenta qui lorgne la néerlandaise NIBC, KBC qui viserait ABN Amro, Belfius en quête d’expansion internationale… À l’heure où la consolidation du secteur bancaire européen s’accélère, nos champions fourbissent leurs armes.

Argenta, cinquième banque du pays, envisage le rachat de la néerlandaise NIBC, actuellement contrôlée par le géant américain du private equity Blackstone, rapporte ce mardi L’Echo. Le bancassureur anversois, conseillé par Bank of America, étudierait le dossier sans toutefois avoir encore formulé d’offre, indique le quotidien économique et financier.

Si l’opération se concrétise, ce serait en tout cas une première acquisition d’envergure pour l’établissement fondé en 1956, toujours contrôlé par la famille Van Rompuy et les coopérateurs d’Argen-Co. Le prix demandé par Blackstone serait compris dans une fourchette allant de 1,4 à 1,6 milliard d’euros, reflétant l’importance stratégique de la transaction pour la banque anversoise.

Un dossier courtisé

Après un bénéfice record de 327 millions d’euros en 2024, Argenta (1,8 million de clients pour 370 agences en Belgique) dispose en effet des moyens nécessaires pour se lancer dans une opération ambitieuse. Le rachat de NIBC, active dans la banque de détail, et les crédits hypothécaires aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne, lui permettrait de renforcer sa présence internationale et de franchir un cap stratégique, selon L’Echo.

La concurrence s’annonce toutefois sérieuse. Toujours selon L’Echo, ABN Amro et Belfius seraient également sur les rangs, même si cette dernière semble viser d’autres types d’acquisitions, notamment dans la banque privée ou l’assurance.

Belfius aux aguets

De fait, Argenta n’est pas la seule à avoir faim. Belfius, justement, ne fait aucun mystère de ses ambitions de développement en dehors de la Belgique. Son CEO Marc Raisière martèle depuis plusieurs mois vouloir développer la banque d’État à l’international d’ici 2030, afin de diversifier ses revenus et réduire sa dépendance au marché belge. 

“Le nouveau plan de croissance sur cinq ans prévoit une internationalisation destinée à diversifier les sources de revenus du groupe, dans l’assurance et le private banking, aussi d’un point de vue géographique”, nous disait encore à la mi-septembre Olivier Onclin, membre de la haute direction de Belfius et successeur désigné de Marc Raisière à la tête du groupe.

KBC à l’offensive

Dans le même temps, le groupe KBC (CBC en Wallonie) se retrouve lui aussi au cœur de rumeurs de marché. Selon Bloomberg, le bancassureur aurait des vues sur ABN Amro, l’une des principales banques néerlandaises encore partiellement détenues par l’État. Le bancassureur a toutefois déclaré que cette opération n’était pas à l’ordre du jour, précisant qu’il étudiait “uniquement une éventuelle acquisition d’Ethias”, dont le nom est régulièrement évoqué dans le cadre d’une vente des participations de l’État pour combler le trou budgétaire.

En attendant, le groupe dirigé par Johan Thijs s’est tout de même emparé dans le courant du mois de mai de la slovaque 365.bank pour 761 millions d’euros. Il a récemment également renforcé sa position en Europe centrale avec l’acquisition de Business Lease en République tchèque et en Slovaquie.

Marché belge encombré

Alors, info ou intox : ces différents scénarios de mariages bancaires sont-ils réalistes et se vérifieront-ils ? Une chose est sûre : après plusieurs années de bénéfices record, les banques de la zone euro disposent aujourd’hui de marges de manœuvre financières solides pour envisager des acquisitions. 

Dans ce contexte, nos champions bancaires ne veulent plus rester spectateurs d’un mouvement de consolidation désormais bien engagé sur le Vieux Continent, alors que le marché belge, saturé et sous pression, offre moins d’opportunités de croissance.

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