Ageas : suite et pas fin ?
Si l’arrivée de BNP Paribas dans Ageas cadenasse en partie l’actionnariat de l’assureur belge, elle ouvre peut-être aussi la voie à d’autres possibilités… via le groupe bancaire français lui-même.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir le bras financier de l’Etat se réveiller. Deux jours après l’officialisation du deal entre Fosun et BNP Paribas, la SFPI (Société fédérale de participations et d’investissement) a fait savoir qu’elle demanderait un siège au conseil d’administration du groupe d’assurance Ageas, dont elle détient 6,3 % du capital.
C’est ce qu’a annoncé la présidente de la SFPI lors de la présentation des résultats annuels. “Il n’y a pas urgence à régler la question, mais on va ouvrir le dialogue. La donne a effectivement changé”, a expliqué hier Laurence Bovy, lors d’une conférence de presse faisant le point sur l’activité du fonds souverain belge au cours de l’année écoulée.
L’annonce fait bien évidemment suite au rachat par BNP Paribas de la participation d’environ 9 % détenue par le Chinois Fosun dans Ageas. Une opération à la faveur de laquelle le groupe bancaire français devient le premier actionnaire de l’assureur belge, devant la SFPI. Une opération dont se félicite Hans De Cuyper, CEO d’Ageas, qui indiquait ce lundi dans les colonnes de L’Echo que ce changement dans l’actionnariat d’Ageas rendait désormais une reprise complète du groupe “très compliquée”.
“Les Français ne s’arrêteront pas là”
Ageas fait effectivement l’objet ces dernières années de spéculations en sens divers quant à la possibilité de grandes manœuvres. La récente tentative d’acquisition de l’assureur britannique Direct Line visait-elle justement à contrer une OPA hostile d’un groupe comme Generali ? Ce n’est pas impossible. Dans ce contexte, BNP Paribas apparaît comme un actionnaire plus stable que Fosun qui cherchait à vendre ses parts. Via BNP Paribas Fortis, la banque française possède en effet déjà 25 % d’AG Insurance, l’importante filiale belge d’Ageas, et première compagnie d’assurance du pays.
Reste que le dossier ne serait pas définitivement clos, selon certains. “Les Français ne s’arrêteront pas là”, entend-on en coulisses. Quelles sont en effet les véritables intentions de BNP Paribas à long terme ? Le groupe bancaire français se contentera-t-il des 9 % rachetés à Fosun ? Seule certitude, les 730 millions d’euros allongés pour reprendre la participation de Fosun représentent peu de choses face aux 16 milliards de liquidités dont dispose BNP Paribas après la revente de sa filiale américaine BancWest. Quant à la valeur d’Ageas en Bourse, cette dernière tourne actuellement autour de (seulement) 8 milliards d’euros.
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