145 milliards d’euros perdus en une décennie à cause du changement climatique
Alors qu’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a tapé du poing sur la table cette semaine, Eurostat a publié des statistiques sur les pertes économiques des Etats membres liées au changement climatique. Des chiffres astronomiques.
Ce jeudi, le secrétaire général des Nations Unies (ONU) Antonio Guterres tirait un coup de semonce à destination des leaders politiques mondiaux. Alors que les Etats signataires de l’accord de Paris s’étaient engagés à limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2°C, et de préférence à 1,5°C, les engagements de ces derniers – “pitoyablement pas à la hauteur” selon Guterres – nous conduisent vers un réchauffement de 2,8°C. “Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale“, a ajouté le secrétaire général de l’ONU.
Dans sa vidéo de déclaration, Antonio Guterres a tenté tant bien que mal de convaincre les dirigeants internationaux de faire plus. Et ce alors qu’Eurostat – l’agence de statistiques européenne – publie une étude révélant que l’Union européenne a perdu des milliards d’euros à cause des effets du changement climatique. Peut-être de quoi les motiver ?
145 milliards sur la décennie, 12 milliards en 2020
Nous en avons nous-même subi les conséquences, et notamment avec les terribles inondations qui ont frappé le pays. Le changement climatique est à l’origine de phénomènes météorologiques extrêmes, comme les vagues de chaleur de cet été, les tempêtes, et même les tornades qui ont frappé les Hauts de France cette semaine. Ces évènements climatiques s’aggravent et se multiplient à mesure que le climat change. Ce qui entraîne des pertes économiques importantes pour les pays.
D’après les estimations de l’Agence européenne pour l’environnement, republiées donc cette semaine par Eurostat, ces phénomènes météorologiques ont causé près de 145 milliards d’euros de pertes économiques dans l’UE au cours de la dernière décennie (2010-2020). De plus, la moyenne évaluée sur 30 ans indique que ces pertes économiques liées au changement climatique ont augmenté de près de 2% par an au cours de cette dernière décennie.
Seulement en 2020, le total des pertes économiques s’élevait à 12 milliards d’euros. La perte totale la plus élevée a été enregistrée en 2017 – soit 27,9 milliards d’euros. Cela représente donc le double de 2020, dû selon Eurostat à des vagues de chaleur qui ont asséché les terres et provoqué des incendies de forêt sur le continent européen cette année-là. La perte totale la plus faible a été observée quant à elle en 2012, soit 3,7 milliards d’euros.
Source: 20221024_ClimateLoss_ByEvent_v2_Web.png (2161×1081) (europa.eu)
La Belgique, 5ème pays le plus touché
Certains pays souffrent davantage du changement climatique que d’autres. Ainsi, l’État membre qui a enregistré le plus de pertes par habitant en 2020 est la Grèce – soit 91€ par habitant – ce qui représente presque trois fois plus que la moyenne de l’UE.
Le pays est suivi de la France avec une perte de 62€ par habitant, de l’Irlande (42€) et de l’Italie (41€). La Belgique se classe cinquième au niveau européen, avec une perte économique de 32€ par habitant. A l’opposé, ce sont les pays plus à l’Est qui sont le moins impactés, avec des pertes par habitant de 0,7€ en Bulgarie et de 4€ en Slovénie et en Slovaquie.
En terme de nombre absolu, la France devient l’Etat membre qui enregistre le plus de pertes économiques liées au changement climatique, avec une facture qui s’élève à plus de 4 milliards d’euros en 2020, et plus de 32 milliards sur la dernière décennie. Elle est suivie de l’Italie, l’Allemagne (environ 2 milliards de pertes chacun en 2020), la Grèce (1 milliard) et l’Espagne (600 millions). Puis arrive en sixième position la Belgique, avec près de 400 millions d’euros de pertes économiques dues au changement climatique (par absence de résultat pour certaines années, le calcul par décennie n’est pas possible).
Enfin, à titre de comparaison, pour la décennie précédente (2000-2010), les pertes économiques liées au changement climatique s’élevaient à 132 milliards d’euros dans l’UE. Soit une augmentation de près de 10% pour la décennie 2010-2020. Des chiffres qui motiveront peut-être davantage les pays concernés, du moins c’est ce que doit espérer Antonio Guterres.
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