Maurice Lévy : “L’imagination est plus importante que la connaissance”

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Crise économique, digitalisation du secteur, émergence du “big data”, menace des géants du Web… Le monde de la pub vit un sérieux bouleversement de ses repères. Rencontre avec Maurice Lévy, président du directoire de Publicis Groupe, n°3 mondial du secteur.

Il a le verbe posé et l’accueil chaleureux. A 72 ans, Maurice Lévy préside toujours aux destinées du groupe Publicis, n°3 mondial du secteur de la pub, du haut de son bureau parisien qui surplombe les Champs-Elysées. S’il veille sur l’avenir de plus de 62.000 collaborateurs répartis dans une centaine de pays, l’homme n’en demeure pas moins étonnamment calme et accessible, disposé à partager sa vision du monde et de la publicité avec un ton serein qui tranche résolument avec la mutation profonde que vit aujourd’hui le secteur de la pub. Le privilège de l’expérience et de la sagesse, sans doute…

A l’annonce de vos résultats 2013, vous disiez “aborder l’année 2014 avec confiance”. Qu’en est-il aujourd’hui ? Pensez-vous vraiment que le secteur de la pub va renouer avec la croissance des belles années d'”avant-crise” ?

Tous les indicateurs que nous avions à la fin de l’année dernière allaient dans le bon sens. Même si les marchés émergents connaissaient des difficultés, on avait l’impression qu’ils allaient renouer avec la croissance assez vigoureusement. Les Etats-Unis étaient partis pour faire une croissance supérieure à 3% et l’Europe donnait quelques signes encourageants. On avait donc véritablement le sentiment que la croissance se raffermirait, notamment au cours de ce deuxième semestre. Mais les six premiers mois n’ont pas été à la hauteur des espérances sur un plan macroéconomique. D’abord sur les marchés émergents, et puis sur l’Europe. Du côté des Etats-Unis, alors que les entreprises se trouvent avec des bilans extrêmement sains et une trésorerie qui a été très bien reconstituée, il n’y a pas encore une politique d’investissement telle qu’on serait reparti de manière forte pour une croissance très soutenue. Donc, on se retrouve face à une situation macroéconomique qui n’est pas très satisfaisante et de ce fait, on peut craindre que l’année 2014 ne soit pas à la hauteur des espérances que nous avions tous, en tous les cas chez Publicis. Et on peut craindre aussi que le démarrage de 2015 soit plus laborieux que ce qui est actuellement prévu…

Cette année 2014 devait être aussi celle de la fusion effective de votre groupe Publicis avec Omnicom, annoncée en fanfare en 2013 et depuis abandonnée. Était-ce vraiment une bonne idée ?

Ce n’était pas une bonne idée, ni une grande idée, mais bien une très grande idée ! Quand on voit tout ce que cette fusion aurait pu apporter, non seulement aux deux entreprises réunies, mais au marché, au secteur et à sa transformation, on voit bien que c’était une très grande idée. Donc, je ne peux que regretter qu’on n’ait pas su ensemble la mener à son terme. C’est malheureux, mais c’est un fait et j’ai appris à ne pas pleurer sur le lait renversé. Il n’y a pas là de perte de substance, mais c’est vrai qu’il y a eu une année de perdue et cette année aurait pu servir à faire autre chose. On aurait pu mieux travailler notre croissance, exécuter des modifications dans notre fonctionnement et faire quelques acquisitions. Donc, ce sont des choses que nous n’avons pas faites et il faut qu’on les fasse maintenant.

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Maurice Lévy dans le dernier numéro de Trends-Tendances paru ce jeudi 4 septembre.

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