Quand le FMI critique… le néolibéralisme: “Ses bienfaits ont été exagérés”
Le néolibéralisme creuse les inégalités et ses bienfaits ont été “exagérés”: ce verdict ne vient pas de militants d’extrême gauche mais du FMI, pourtant traditionnel défenseur de cette doctrine économique sur le globe.
“Les bénéfices de certaines des mesures qui constituent une partie importante de l’agenda néo-libéral semblent avoir été quelque peu exagérés”, écrivent trois cadres du département recherche du Fonds monétaire international (FMI) dans un récent article.
Selon eux, les coûts de ces politiques en terme de creusement des inégalités sont en revanche “tangibles”, tout comme leurs effets négatifs sur l’activité économique. “L’accroissement des inégalités amenuise (…) le niveau et la viabilité de la croissance”, indiquent-ils dans la revue Finance & Development du mois de juin publiée par le FMI.
Les trois experts s’intéressent plus précisément à deux axes de la doctrine néo-libérale, qui vise sommairement à réduire le champ d’intervention économique de l’Etat: la libre-circulation des capitaux et les politiques d’austérité budgétaire.
D’après leur évaluation, certains transferts de capitaux, notamment les investissements directs étrangers, peuvent certes doper la croissance d’un pays, mais d’autres flux à plus court terme alimentent au contraire la volatilité financière et “augmentent les risques de crash”.
Sur l’austérité, également appelée consolidation budgétaire, les experts du FMI soulignent que son coût -hausse des impôts, coupes dans les dépenses publiques- peut parfois être “bien plus important” que ses bienfaits, notamment dans les pays (Allemagne, Etats-Unis, Royaume-Uni) où ces cures d’assainissement ne sont pas indispensables.
“Les coûts en terme de plus faible production, de recul de l’Etat-providence et de chômage plus élevé ont été sous-estimés”, ajoute par ailleurs l’article qui ne représente toutefois pas nécessairement la position officielle de l’institution.
Léger mea culpa envers la Grèce
Les experts démontent également l’argument selon lequel l’austérité serait bonne pour la croissance en rassurant les investisseurs privés sur la solidité budgétaire d’un pays. “Des phases de consolidation budgétaire ont été suivies généralement par des chutes d’activité plutôt que par des hausses”, assurent-ils.
Accusé d’imposer une austérité drastique en échange de ses prêts, le FMI a esquissé un léger mea culpa en Grèce en admettant avoir sous-estimé l’impact négatif de ses recommandations sur l’activité économique.
Revenant sur une de ses règles d’airain, il a également récemment reconnu que des mesures de contrôles de capitaux pouvaient s’avérer utiles dans certains cas pour stabiliser l’économie.
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