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‘Le florilège de mensonges politiques qui a mené au Brexit’

Les Britanniques qui ont voté pour le Brexit auraient mieux fait de se souvenir de ce que disait le Prince de Talleyrand, connu autant pour sa finesse d’esprit que pour son talent de diplomate: “quand on a qu’une seule parole. Il faut pouvoir la reprendre. Surtout si on veut la redonner.”

Quelques jours à peine après avoir voté pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, les Britanniques découvrent que leurs hommes politiques leur ont menti. Et quand je dis menti, c’est vraiment dans les grandes largeurs.

Prenez le cas de Nigel Farage, le leader du parti indépendantiste Ukip. Il a passé son temps à expliquer à ses compatriotes que l’Union européenne leur coûtait 350 millions de livres sterling par semaine, et qu’on ferait mieux de canaliser cette somme vers la sécurité sociale britannique. Or, qu’a-t-il fini par avouer aux journalistes de la BBC ? Tout simplement qu’il avait menti et que son raisonnement, si on peut parler de raisonnement, était une erreur, une simple “promesse faisant partie de toute une série de possibilités”. La presse britannique en a fait ses choux gras et mes confrères de journal économique Les Echos ont relayé ce double discours.

Même changement de ton de la part de Daniel Hannan. Lui, il a joué sur la peur de l’immigration qui viendrait prendre les boulots des Britanniques de souche. Or, là encore, il vient de faire volte-face en disant que ceux qui ont voté pour lui et qui espèrent une immigration zéro seront déçus, car ils l’ont évidemment mal compris. En fait, ce qu’il veut, c’est juste avoir un pouvoir de contrôle sur les flux de cette immigration.

Si la littérature française parle de “perfide Albion”, ce n’est pas par hasard…

Même topo du côté de la tête blonde platine de Boris Johnson. Chacun sait que l’ancien maire de Londres n’a poussé le camp des partisans de la sortie que pour prendre la place de David Cameron, et devenir leader du parti conservateur ou Premier ministre. Souvenez-vous de ce qu’il avait dit avant le référendum du 23 juin… Selon mes confrères du journal Les Echos, il n’a pas hésité à déclarer au Sunday Telegraph, “Napoléon, Hitler, plusieurs personnes ont essayé de le faire, et cela s’est terminé de manière tragique. L’Union européenne est une autre tentative, avec des méthodes différentes”. Rien que cela. Et aujourd’hui que dit ce brave homme ? Qu’il faut prendre tout son temps avant de déclencher la procédure de divorce avec l’UE, qu’il faut plus que jamais trouver des moyens pour malgré tout renforcer les liens avec l’Union. Bref, qu’il est urgent d’attendre avant de faire quoi que ce soit d’irréversible.

Ne parlons même pas du Premier ministre David Cameron qui a lui aussi totalement changé d’avis. Il avait dit qu’il resterait en poste même en cas de défaite. Et la première chose qu’il a faite, c’est au contraire de démissionner, en précisant bien qu’il laissait à son successeur le soin d’actionner officiellement la procédure de divorce en septembre prochain…

En fait, tout cela corrobore ce que je vous ai récemment indiqué dans cette même chronique: les Britanniques ont réussi à rester en dehors de l’Union européenne, tout en étant dedans. Ils espèrent aujourd’hui rester dedans, tout en étant dehors. Si la littérature française parle de “perfide Albion”, ce n’est pas par hasard…

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