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“L’abandon lent, mais inexorable, du cash est une mauvaise nouvelle”

L’usage du cash recule, c’est aujourd’hui le constat que font les quatre grandes banques belges. La faute au smartphone et au PC banking.

C’est le rêve des banquiers, du fisc et de Google qui est en train de se réaliser : l’usage du cash est en train de disparaitre, gentiment, doucement, discrètement, mais sûrement.

D’abord, parlons des chiffres, un article de mes confrères du journal l’Echo qui m’a mis la puce à l’oreille. Pour la première fois en 2016, les quatre grandes banques belges ont enregistré un recul des retraits en cash. Pour vous donner une idée, en 2015, dernière année pour laquelle on a des statistiques, les belges ont retiré 43 milliards d’euros en cash des distributeurs de billets.

Depuis ce record, les coups de sonde réalisés par l’Echo montrent qu’on enregistre une baisse des retraits auprès des quatres grandes banques, de l’ordre de 3% chez BNP Paribas Fortis, et de 4% chez Belfius. Rien de dramatique encore, mais ces chiffres corroborent une tendance assez lourde, le fait que le cash a de moins en moins la cote.

D’ailleurs, combien de fois n’avez-vous pas entendu autour de vous : “ah moi, je n’ai jamais de liquide, je paie tout avec ma carte !”

Si cette tendance est sourde dans notre pays, c’est sans doute parce que c’est l’un des mieux équipés au monde en distributeur de billets. A la fin de l’année 2016, on comptait plus de 8.600 machines à retirer de l’argent, soit 3 fois plus qu’il y a 20 ans.

Mais là encore, depuis peu, on enregistre une stabilisation pour ne pas dire un tassement du nombre de ces distributeurs. L’heure n’est plus au cash, mais au mobile banking. Aujourd’hui, 85% des opérations bancaires se font via un smartphone. Votre smartphone est devenu en peu de temps le premier canal bancaire en Belgique, du moins pour la consultation des comptes, car pour les virements, le PC banking a encore la cote.

La défection lente, mais inexorable, envers le cash, est une mauvaise nouvelle, car elle va renforcer l’emprise des banquiers, du fisc, de Google et d’Amazon.

Mais, pour combien de temps encore ? C’est juste une question de confiance et donc d’usage. En ce qui concerne le cash, les banquiers sont plutôt d’avis de le supprimer. Officiellement, c’est parce qu’il leur coûte beaucoup d’argent en manipulation et sécurité. Officieusement, c’est parce que c’est une manière de bancariser de force tout le monde. L’Etat et la Banque Nationale s’y retrouvent car si demain, ils ont un besoin urgent d’argent, ils pourront prélever directement à la source, étant donné qu’il ne sera plus possible de sortir son argent vu que le cash aura cessé d’exister.

Plus globalement, le renforcement des paiements électroniques donnera encore plus de pouvoirs aux GAFA – Google, Apple, Facebook et Amazon – qui vivent de nos données, y compris bancaires.

Leur énergie, ce n’est en effet pas le pétrole, mais nos données que nous leur fournissons sans broncher sous prétexte que leurs services sont en partie gratuits. Pourtant, comme l’ont déjà expliqué de nombreux d’experts, lorsque le produit est gratuit, c’est que c’est vous qui êtes le produit !

Et malheureusement, cette défection lente, mais inexorable envers le cash, est une mauvaise nouvelle, car elle va renforcer l’emprise des banquiers, du fisc, de Google et d’Amazon. Le cash, on ne le répétera jamais assez, ce n’est pas seulement une expression monétaire, c’est aussi l’une des dernières expressions de notre liberté.

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