Hôtellerie: le détachement de personnel, une nouvelle forme d’esclavage ?

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L’hôtellerie bruxelloise aurait-elle, sous couvert de détachement de personnel, autorisé par l’Union européenne, ouvert la porte à une nouvelle forme d’esclavage ?

L’information est relayée par la Rtbf, deux grands hôtels bruxellois ont licencié une partie de leur personnel de nettoyage et de chambre pour le remplacer par des étudiants espagnols.

Ces jeunes Espagnols ont un contrat de travail en tant que stagiaires sur le territoire belge. Jusque-là, rien d’étonnant en vertu des accords européens sur le détachement des travailleurs. Un pays membre peut accueillir les travailleurs d’un autre pays membre de l’Union européenne, et ce de manière tout à fait légale. Le salaire dans ce cas est le salaire minimum du pays “hôte” (la Belgique) et la couverture sociale du travailleur reste celle du pays d’origine. Dans ce cas-ci, ces étudiants sont engagés par une société de service espagnole qui travaille en sous-traitance pour les deux hôtels bruxellois.

Il n’est pas étonnant non plus que des jeunes Espagnols s’empressent de venir travailler en Belgique. Avec un contrat de stagiaire de 3 ans, une formation à la clé et un salaire d’environ 1.200 euros par mois, c’est presque l’Eldorado qui leur est promis si on compare cela à la situation économique actuelle en Espagne avec un taux de chômage impressionnant, surtout chez les jeunes, et des salaires bien plus bas…

Seulement une fois arrivés et au travail, ils constatent que cet Eldorado perd quelque peu de sa “dorure”… En effet, on peut lire sur le site de la Rtbf que chaque jour, ils doivent nettoyer au minimum 14 chambres d’hôtel, soit un travail fatiguant aux horaires imprévisibles. De plus, la formation qui leur avait été promise au départ est aux abonnés absents.

La personne responsable de la supervision de la propreté dans un des hôtels en question précise que ce minimum de 14 chambres par jour est déjà difficile à atteindre pour une femme de chambre professionnelle, donc pour des jeunes sans formation… “Mais évidemment ils coûtent moins cher qu’une vraie femme de chambre” souligne-t-elle. Est-il besoin de préciser qu’au fil du temps, elle en a vu partir des collègues, licenciés pour être remplacées par… des stagiaires.

Le site précise encore que le service du contrôle des lois sociales, au sein du SPF Emploi, s’est penché récemment sur le dossier de ces stagiaires. Il est étonnant de constater que leur employeur espagnol aurait perçu des subsides européens pour favoriser la mise à l’emploi de ces jeunes… Après le secteur de la construction, victime de “déplacés”, du dumping social chez les routiers, est-ce maintenant au tour du secteur de l’hôtellerie ?

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