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Cumul des mandats: la triste marche arrière de la Wallonie
Le PS, le MR et le cdH vont réinstaurer le cumul des mandats dans les communes wallonnes de moins de 50.000 habitants. Et s’ils l’interdisaient vraiment – c’est-à-dire sans l’artifice des ‘bourgmestres empêchés’ – pour les grandes villes ?
La Wallonie aime parfois jouer les pionniers. Et puis, surprise par son audace, elle fait demi-tour. Les trois principaux groupes politiques représentés au parlement wallon ont ainsi décidé d’abroger les règles anti-cumul instaurées sous la précédente législature, nous apprend Le Soir. Ces règles limitaient depuis 2014 le nombre de députés-bourgmestres à 25% des membres de chaque groupe politique, dans un souci d’ouvrir le jeu politique et d’éviter que les mêmes personnes ne se retrouvent toujours aux manettes. La question n’est pas véritablement celle de la rémunération, qui est plafonnée à 1,5 fois l’indemnité parlementaire.
Les règles anti-cumul disparaîtront donc après les prochaines élections communales. Enfin, presque toutes: le PS, le MR et le cdH maintiennent en effet une interdiction de cumul avec un mandat au parlement wallon pour les bourgmestres et échevins des villes de plus de 50.000 habitants (Charleroi, Liège, Namur, Mons, La Louvière, Tournai, Seraing, Verviers et Mouscron).
Ce retour en arrière ne manquera pas d’alimenter le fonds anti-politique ambiant, avec son aspect de petits arrangements entre amis…
Ce retour en arrière ne manquera pas d’alimenter le fonds anti-politique ambiant, avec son aspect de petits arrangements entre amis. Manifestement, quand on parle mandats et circonscriptions électorales, socialistes et libéraux n’ont pas trop de mal à s’entendre. Précisons ici que l’appoint du MR était indispensable pour réunir la majorité des deux tiers, nécessaire à l’adoption d’un tel décret.
Au lieu de dénigrer ou d’ironiser sur ce recul en matière de gouvernance, prenons le PS, le MR et le cdH au mot et misons – sans rire – sur leur souci de cohérence: si un mandat de député n’est pas compatible avec celui de bourgmestre d’une grande ville, interdisons-le aussi pour les élus fédéraux. Evidemment, le parlement wallon ne peut pas légiférer quant au sort des députés fédéraux mais, a priori, il est compétent en ce qui concerne celui des bourgmestres et échevins…
Poursuivons le raisonnement: si c’est incompatible, notamment pour des raisons de disponibilité personnelle, que ce soit alors réellement incompatible et que l’on gomme une fois pour toute cette absurdité des “bourgmestres empêchés”. Si le député d’une grande ville en demeure le bourgmestre “en titre”, on n’aura strictement rien changé. Ce sera toujours soit à de la fiction (qui croit réellement que Françoise Daspremont fait office de bourgmestre de Charleroi), soit une source permanente de conflits entre le bourgmestre empêché et son faisant fonction (par exemple à Tournai). Dans les deux cas, ce n’est démocratiquement pas très sain.
Le raisonnement peut se transposer sans réserve pour les titulaires d’un portefeuille ministériel, fonction qui nécessite a priori largement un temps-plein. Si Paul Magnette, Charles Michel, Maxime Prévot et les autres tiennent tant à leur rôle de bourgmestre, ils peuvent sans souci abandonner leur mandat ministériel, le poste ne restera pas vacant très longtemps.
PS, MR et cdH apporteront-ils toutes ces précisions dans leur proposition ? S’ils le font, on est prêt à parier que leur marche arrière sur le décumul recueillera finalement l’unanimité au parlement wallon.
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