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La dette publique belge ne s’élève pas à 104,5 mais à 655 pour cent du PIB

Les statistiques officielles de la dette publique ne donnent qu’une image très partielle de la véritable ampleur de cette dette. Pour la Belgique, la véritable dette publique est six fois supérieure au chiffre officiel.

“Six ans après le début de la crise financière, la dette publique de la plupart des pays industrialisés a atteint un niveau jamais vu en temps de paix… Et le fait que les statistiques de dettes officielles sous-estiment leur véritable ampleur aggrave encore la situation. De nombreux gouvernements font des promesses impliquant des augmentations considérables de dépenses en matière de retraites et de soins de santé pendant les décennies à venir” lit-on dans le chapitre 4 du dernier rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI).

Ce chapitre est entièrement consacré au maintien des finances publiques dans les pays riches. Ces dernières années, la BRI, la seule des institutions financières connues ayant prévu à temps la grande crise financière a acquis une grande autorité.

La citation ci-dessus renvoie clairement à la dette publique non exprimée dans les statistiques officielles, mais qui est très réelle à cause des engagements pris par les gouvernements et deviendra très réelle durant les décennies à venir. Cette dette à venir est appelée dette implicite. La dette contractée jusqu’à aujourd’hui est la dette publique explicite.

Les chiffres sur l’évolution de la dette publique publiés ce lundi par Eurostat ne concernent que la dette explicite. Selon Eurostat, la dette publique de la Belgique se chiffre à 104,5% du PIB pour le premier trimestre de l’année. Au sein de l’UE, quatre pays nous précèdent : la Grèce (160,5%), l’Italie (130,3%), le Portugal (127,2%) et l’Irlande (125,1%). L’ Estonie (10%), la Bulgarie (18%) et la Suède (39%) affichent les taux les plus bas.

Cependant, les statistiques officielles donnent une image totalement incomplète de la dette publique. Un calcul récent sur l’ampleur de la dette publique implicite nous apprend que pour la Belgique, elle s’élève à 558% du PIB. Avec la dette publique effectivement atteinte fin 2012, cela nous donne une dette publique totale de 655% du PIB (voir le tableau ci-dessus).

Il est frappant que les mesures politiques prises jusqu’à fin 2012 soient intégrées aux calculs à la base des chiffres du tableau ci-dessus. Il est donc assez surréaliste d’apprendre que nos finances publiques sont sous contrôle. Ce n’est manifestement pas le cas.

Les chiffres présentés dans le tableau proviennent de la Stiftung Marktwirtschaft liée à l’Université de Fribourg. Cette institution présente régulièrement des calculs sur l’ampleur de la dette publique implicite. La Banque Centrale Européenne (BCE) par exemple, prend ces chiffres très au sérieux. Par ailleurs, les résultats obtenus par la Stiftung Marktwirtschaft sont tout à fait parallèles aux calculs de même type réalisés par la BRI elle-même, l’OCDE, le FMI et les économistes indépendants tels que Larry Kottlikoff de l’Université de Boston.

La Belgique sort assez mal du groupe des 27 pays de l’Union Européenne même si l’Irlande, le Luxembourg, la Grèce, l’Espagne, Chypre et la Slovénie font encore bien pire. C’est le groupe des “usual suspects”, hormis le Luxembourg. Le grand-duché est doté d’un système de pensions impayable à l’avenir. Il est également frappant que l’Italie bénéficie d’une dette implicite négative.

Ce bon résultat est dû aux réformes du système de pensions italien et au fait que ce pays réalise des excédents budgétaires primaires depuis des années (primaire = dépenses sans charges d’intérêts). Il faut cependant tempérer cette image optimiste puisqu’autant une augmentation de l’intérêt que la récession persistante peuvent rapidement bouleverser la situation.

Finalement, il ne faut pas perdre de vue que la véritable ampleur de la dette publique aux États-Unis et au Japon n’est pas meilleure qu’en Europe . À quelques exceptions près, tous les pays riches sont logés à la même enseigne. Ce que l’on raconte aujourd’hui sur l’évolution de la dette publique et la façon dont on contrôle les finances publiques présente très peu de rapports avec la dure réalité.

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