Pourquoi Uber brave les interdits à Bruxelles et ailleurs
Les coups durs continuent pour Uber : interdictions, saisies de véhicules et maintenant, interdiction d’une promotion couplée entre Uber et Brussels Airlines. Mais, quoi qu’il arrive, la ” start-up ” continue de déployer son service. Pourquoi un tel empressement ?
Décidément, Uber n’est pas prête de devenir “l’ami public N°1” des chauffeurs de taxis et des autorités. Il y a une grosse semaine déjà, quatre véhicules Uber ont fait l’objet d’une saisie et d’un réel durcissement du ton du Ministre bruxellois des Transports, Pascal Smets, lequel estime qu’en l’état le service de voitures avec chauffeurs tel que proposé par Uber ne correspond pas à du car-sharing… et n’est donc pas légal.
Aujourd’hui, le même Pascal Smets fait interdire une action promotionnelle conjointe de Uber et de Brussels Airlines. L’idée marketing était de proposer un voucher de 15€ aux passagers de la compagnie aérienne pour un trajet Uber vers l’aéroport ou de l’aéroport vers leur hôtel. De quoi faire rougir les associations de taxis à Bruxelles qui voient déjà d’un très mauvais oeil le service Uber qu’ils qualifient de concurrence déloyale.
Promotions tous azimuts
Mais malgré les levées de boucliers et malgré les interdictions en Belgique et ailleurs, la firme américaine maintient son service et active même la promotion tous azimuts. Vouchers en pagaille, partenariats avec des soirées branchées, livraison gratuite de glaces en été, et bien d’autres. Uber avait également réduit brusquement ses prix (-20 % en Belgique) quitte à réduire temporairement ses marges. “Ils achètent purement et simplement des utilisateurs” grogne un concurrent.
La société Uber, frondeuse et dont les arrières sont bien assurés par les fonds de Google et Goldman Sachs, semble braver les interdits en continuant à assurer son service malgré les interdictions. La loi ? En gros, Uber considère qu’elle n’est plus en phase avec la réalité de terrain et qu’elle doit de toute manière être adaptée.
Prendre le marché avant les autres
La firme ne veut en aucun cas perdre du temps. Estimant plus que probablement qu’elle obtiendra gain de cause, à un moment ou à un autre, Uber travaille sur deux grands axes.
D’abord le Lobbying. Uber a engagé au courant du mois d’août David Plouffe, l’ancien manager de campagne de Barack Obama en 2008. Rien que cela ! Et pour s’occuper du lobbying en Europe, c’est Mark MacGann, ancien responsable des affaires publiques du NYSE Euronext à Bruxelles, qui prendra en charge cette dimension.
Ensuite, son développement international, le plus rapidement possible. Uber veut capter le marché et accélérer sa croissance. La société veut croître à grande vitesse et ouvrir constamment de nouvelles villes, partout dans le monde, pour être la première à occuper le terrain et à disposer d’un volume suffisant pour justifier son business model. Et, bien sûr, couper l’herbe sous le pied de ses concurrents. Car les applis concurrentes (Lyft, Easy Taxi, GetTaxi ou encore YongChe) sont en embuscade et fourbissent également leurs armes pour trouver leur place. De grands groupes, comme le Chinois Alibaba s’est aussi introduit dans ce secteur. Pour garder son avance et s’imposer comme leader, Uber veut coûte que coûte continuer à s’implanter, malgré les interdictions (qu’elle espère temporaires…) et même si cela passe par le sacrifice de ses marges. Selon Business Insider, Uber qui prend des commissions de 20% sur les trajets de “ses” chauffeurs réaliserait dès fin 2015 un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars sur un volume d’affaires de 10 milliards de dollars… Impressionnant pour une firme créée en 2009 et dont la valorisation, on le rappelle, atteint 18 milliards de dollars… même si on ne parle encore nullement de sa rentabilité !
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