Neutralité du Net: victoire de la liberté ou des géants du Web ?

/ © Reuters

Le régulateur américain des télécoms consacre le principe de la neutralité du Web, empêchant de faire payer les fournisseurs de contenu pour qu’ils puissent bénéficier de meilleurs flux. Un vrai revers pour les opérateurs télécoms.

Payer les coûts exorbitants du développement des infrastructures pour permettre aux géants de l’Internet de proposer des services toujours plus puissants, les opérateurs du monde entier en ont assez. Et tous voudraient voir les géants du Net, principaux fournisseurs de contenus en ligne, contraints de participer financièrement aux frais de déploiement des “pipelines” télécoms.

De fait, ce sont les acteurs comme YouTube (Google) ou Netflix qui sont les plus gourmands en termes de bande passante (on évoque par moments 30 à 50 % du flux des réseaux pour ces seuls acteurs) qui génèrent aussi le plus de revenus. Ils crispent donc les opérateurs qui, eux, peinent le plus souvent à retrouver la rentabilité qu’ils ont connue voici encore quelques années et qui, progressivement, craignent de se voir relégués au rang de simple “pipelines”. Mais voilà, contraindre les fournisseurs de contenu à payer pour l’usage des infrastructures télécoms reviendrait à contourner un principe jusqu’ici admis : la neutralité du Net. Celui-ci veut que tous les acteurs du Net profitent du réseau de manière identique, sans que certains (qui payeraient) soient avantagés… Cela favorise évidemment les géants aux poches bien garnies. Non réglementé, le principe soulevait néanmoins de nombreux débats.

Aux Etats-Unis, le régulateur des télécoms (FCC) vient de trancher la question : la neutralité du Web est bel et bien consacrée. Un opérateur américain ne pourra donc pas demander à un acteur du Net d’ouvrir son portefeuille pour obtenir un meilleur traitement qu’un concurrent. Cette décision importante dérange fortement les opérateurs… surtout que la décision est essentiellement le résultat d’une guerre de lobbyistes : les industriels des télécommunications face à ceux des géants de l’Internet, défendus par Barack Obama. L’impact d’une telle mesure ? Les sociétés comme Verizon ne pourront plus espérer voir des acteurs comme Google participer aux frais de développement du réseau. Mais elles ne pourront pas non plus diminuer leurs investissements, sous peine de perdre du terrain face à une concurrence plus performante. Reste que la décision de la FCC pourrait encore, en théorie, faire l’objet d’une annulation par le Congrès.

Et en Europe ? La décision de la FCC ne s’applique évidemment pas. Mais la situation est identique et les opérateurs télécoms adoptent la même position que leurs homologues américains. Et les mêmes discussions ont lieu au niveau européen… L’an passé, le Parlement a adopté un texte plutôt en faveur de cette neutralité mais le Conseil pourrait revoir cette position. Car, selon certains observateurs, garantir la neutralité offre aussi une forme d’avantage aux géants américains.

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