La délocalisation guette même la Chine: “Impôts et coût du travail sont trop élevés”
Un grand patron chinois qui crée des milliers d’emplois aux Etats-Unis a semé la consternation dans son pays en dénonçant la fiscalité et l’augmentation du coût du travail dans l’Empire du milieu, encore peu habitué aux délocalisations vers l’étranger.
Cao Dewang, président du groupe Fuyao, qui se présente comme le plus grand exportateur de verre automobile au monde, a ouvert en octobre dernier une usine géante dans l’Ohio (est des Etats-Unis) avec des milliers d’emplois à la clé.
Dans une interview la semaine dernière au magazine China Business News, le magnat de 70 ans a justifié cet investissement par les impôts chinois, qu’il considère comme “les plus élevés du monde”. Selon lui, les entreprises du secteur manufacturier sont soumises en Chine à une fiscalité 35% plus lourde qu’aux Etats-Unis.
Des déclarations qui interviennent alors que Donald Trump a plusieurs fois promis de faire “revenir aux Etats-Unis” les emplois délocalisés en Chine et menacé d’imposer des droits de douane de 45% aux produits importés de ce pays.
Ce début de délocalisation entamé par Fuyao était l’un des principaux sujets agitant l’internet chinois ces derniers jours. De nombreux utilisateurs du réseau social Weibo ont appelé Pékin à “ne pas permettre à Cao Dewang de s’enfuir”.
“Je ne m’enfuis pas et ne m’enfuirai pas. Le centre de mon activité est en Chine”, s’est-il défendu mercredi dans le journal Xinjingbao (Beijing News).
“Je rappelle simplement au gouvernement que les impôts et le coût du travail sont trop élevés” en Chine, a souligné Cao Dewang, nommé en 2009 entrepreneur mondial de l’année par Ernst & Young.
Le Global Times, quotidien réputé proche du pouvoir, a abondé dans son sens, publiant jeudi la tribune d’un expert jugeant la Chine comme “l’un des pays au monde qui taxe le plus les entreprises”.
“La Chine risque de perdre sa compétitivité dans le secteur manufacturier si elle ne réduit pas le fardeau fiscal qui pèse sur les entreprises”, s’est alarmé Li Weiguang, professeur à l’Université de finance et d’économie de Tianjin (nord).
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