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Ce que la revente d’Omega Pharma nous apprend sur les Belges, Bruxelles et les politiques

La revente d’Omega Pharma par Marc Coucke est à la fois une très belle histoire et une très mauvaise polémique.

Une belle histoire, car si les Belges sont souvent enthousiastes lorsqu’ils lisent la biographie de tel ou tel grand patron américain, qui forcément a démarré de zéro et de préférence dans un garage, avant de faire fortune, eh bien, certains d’entre eux sont plus critiques quand c’est un compatriote qui a réussi et gagne beaucoup d’argent. Ne cherchez pas à comprendre, c’est comme cela. C’est encore arrivé récemment avec Marc Coucke, le patron flamand d’Omega Pharma.

Voilà quelqu’un qui a démarré sa boîte il y a 27 ans, à l’âge de 22 ans. Avec son complice de l’époque, il crée une société avec un capital de 300.000 francs, soit encore 7.500 euros, autant dire qu’il est parti de rien. Il a démarré son activité dans la vente de shampoings, puis petit à petit, sa société a étendu son activité aux cosmétiques, aux produits en vente libre dans les pharmacies, etc. Bref, en 27 ans de carrière et alors qu’il n’a pas encore 50 ans, Marc Coucke vient de vendre sa société pour 3,6 milliards d’euros à un groupe coté à Wall Street. Et au passage, ce presque cinquantenaire va sans doute rafler 1,2 milliard d’euros, sous forme de plus-value.

Bravo l’artiste ! Je dis l’artiste, car cet argent Marc Coucke l’a gagné seul, sans héritage et même en dépit du fait que son associé de l’époque l’a quitté parce qu’il ne voulait pas ou n’osait pas continuer cette aventure. Il doit s’en mordre les doigts aujourd’hui ! Pourtant Marc Coucke est resté un homme simple, il aime les chansons populaires flamandes et la bonne chère – d’ailleurs son tour de taille est là pour le démontrer. Mais voilà, il y a un petit “hic”. Les médias ont indiqué qu’il avait gagné 1,2 milliard d’euros, mais sans payer un seul euro d’impôt, ce qui évidemment peut choquer en période de crise.

Revente d’Omega Pharma: Légiférer après un sujet du journal télévisé, c’est le degré zéro de la démocratie !

Tout cela est vrai. On peut le regretter, mais ce qu’on oublie de dire, c’est que cette non-imposition est tout à fait légale. En Belgique, depuis fort longtemps, les plus-values sur actions ne sont pas taxées. C’est d’ailleurs pour cela que de très riches Français se sont expatriés chez nous. Si vous changez la règle demain, non seulement les Français s’en iront et l’immobilier dans les belles communes de Bruxelles dégringolera, mais l’Opéra de Bruxelles fermera également ses portes car la majorité des donateurs de l’Opéra sont des… Français fortunés.

De plus, certains citoyens qui râlent sur le fait que l’ancien patron d’Omega Pharma ne paie pas un euro d’impôt sur 1,2 milliard refusent eux-mêmes de payer un impôt sur les plus-values de leurs actions. Donc, oui, ils veulent des taxes, mais pour les autres. Et le public découvre encore certains aspects fiscaux qui sont en réalité connus de longue date par les spécialistes.

Mais voilà, certains jouent sur la corde populiste et crient au scandale. Le pire, c’est que les politiques qui sont au courant jouent aussi aux vierges étonnées et promettent de changer les lois. N’importe quel juriste vous dira que changer une loi doit se faire à tête reposée. Légiférer par anecdote ou après un sujet du journal télévisé, c’est le degré zéro de la démocratie !

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