Le “Chemin de Croix” du pape François pour des finances saines au Vatican
En juillet 2013, le pape François avait réclamé avec force “discipline” et “clarté” pour mettre fin au laxisme et aux petits arrangements grevant le budget du Vatican, lors d’une réunion enregistrée à son insu.
“On peut dire, sans exagération, qu’une large parte des coûts est hors de contrôle. C’est un fait”, déclare le pape dans cet enregistrement obtenu et retranscrit par le journaliste Gianluigi Nuzzi dans son livre “Chemin de Croix”, à paraître jeudi.
Elu depuis alors tout juste quatre mois, François s’exprime lors d’une réunion à huis clos de la commission d’experts Cosea, chargée de proposer des réformes économiques et financières au pape et dont deux membres sont soupçonnés d’avoir réalisé et transmis l’enregistrement.
Il commence par dénoncer une politique d’embauches anarchique: “Le nombre des employés s’est trop accru. Cette situation engendre un gaspillage d’argent considérable”, insiste aussi le pape en relevant que les dépenses de personnel ont bondi de 30% sur les cinq années précédentes.
Puis le souverain pontife s’en prend à “l’absence de transparence”: “Il faut aller plus loin dans le travail de clarification de l’origine des dépenses et des formes de paiements”.
“Il faut donc prévoir un protocole allant du devis au paiement. Un des responsables m’a dit: +Quand les gens viennent nous présenter une facture, il faut bien payer..+ Eh bien non, on ne paie pas. Si des travaux ont été faits sans devis, sans autorisation, on ne paie pas!”, martèle le pontife argentin.
“Que le Seigneur nous pardonne, mais on ne paie pas! D-e l-a c-l-a-r-t-é. Cela se pratique même dans les entreprises les plus modestes, et nous devons le faire aussi”, insiste-t-il en réclamant trois devis différents avant tout projet.
Il cite ensuite l’exemple de la rénovation de la bibliothèque vaticane: “Le devis disait 100, et au bout du compte, on a payé 200. Que s’est-il passé ? Une légère augmentation des coûts ? Très bien, mais était-ce indiqué sur le devis ? (…) Que ce soit d’autres qui paient… On ne paie pas ! C’est très important pour moi. S’il vous plaît, de la discipline”.
Les contrats “sont remplis d’embûches, n’est-ce pas ? Le texte est clair, mais dans les notes en bas de page, il y a un petit alinéa — on appelle ça comme ça, non ? — qui constitue un piège. Il faut faire très attention ! Nos fournisseurs doivent toujours être des entreprises qui garantissent l’honnêteté et qui proposent un juste prix du marché”, poursuit François.
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