Bien loin du tourisme de masse, dans le cœur sauvage de l’Afrique australe, vivez un safari comme nulle part ailleurs. Envolez-vous vers les perles cachées du delta de l’Okavango, où aventure et luxe vont de pair.
Le soleil tape sans pitié sous un ciel bleu éclatant quand nous montons à bord d’un petit avion à hélices, sur le tarmac de l’aéroport de Maun. Serrés comme des sardines dans une boîte tiède, nous quittons la ville et survolons la savane infinie. Sous nos pieds, les bras sinueux du delta de l’Okavango — le plus grand delta intérieur du monde, classé à l’Unesco — se déploient sans fin. Aucun signe de routes, de maisons ou de voitures à l’horizon. À la place, nous apercevons avec des troupeaux de zèbres, gnous et impalas, qui traversent ce paysage vierge. Loin du monde habité, le Cessna atterrit en douceur sur une courte piste, où quelques rangers nous accueillent. À bord d’un 4×4 ouvert, nous roulons sur des chemins sablonneux en direction du camp. On rêve d’un verre, d’un en-cas. Comme si nos pensées étaient devinées, la jeep s’arrête net. Derrière un acacia trapu nous attend une table dressée de lin : citronnade fraîche, champagne et douceurs, avec pour bande-son le bourdonnement des insectes et le chant des oiseaux. Notre voyage commence idéalement.
Luxe écoresponsable
Le Botswana mène une politique rigoureuse en matière de conservation. Presque la moitié du territoire est classée zone protégée. Une partie correspond à des parcs nationaux accessibles à tous. Une autre, tout aussi vaste, est divisée en concessions privées, louées par l’État pour une durée de quinze à vingt ans, sous conditions strictes. Ici, tout repose sur la durabilité et la gestion à petite échelle : seuls les clients des lodges ou camps de tentes sont autorisés à y séjourner. Ce privilège a bien sûr un prix, mais le Botswana mise délibérément sur un tourisme de qualité plutôt que de masse, afin de préserver un écosystème fragile.


Le Nxabega Okavango Tented Camp, où nous séjournons trois nuits, s’étend sur 25 000 hectares et n’accueille jamais plus de 18 hôtes. Difficile de faire plus exclusif. Le camp est géré par AndBeyond, une agence de voyages sud-africaine pionnière du luxe écoresponsable. L’énergie provient de sources renouvelables et l’infrastructure peut être entièrement démontée sans laisser de traces dans la nature. AndBeyond s’engage aussi activement dans la protection des espèces menacées et investit dans l’éducation et l’emploi des communautés locales.
On nous tend une serviette fraîche en coton pour effacer la poussière de nos bras et de notre visage, avant de nous guider vers l’une des neuf tentes. Et pas n’importe laquelle ! Lit king-size avec vue sur l’immensité, terrasse en bois avec lit suspendu, douches à effet pluie intérieure et extérieure, linge de bain et de lit d’une douceur absolue, bar généreusement approvisionné, jumelles Swarovski…
Lionne en vue
Propres et vêtus de tenues safari aux tons neutres, nous sommes prêts pour observer la faune. Au volant de notre 4×4 : LG, la seule femme ranger de la région — flamboyante, tatouages audacieux aux bras et superbes tresses. À l’avant, installé sur un siège au-dessus du capot, notre pisteur Kago prend place, en renfort visuel.
Nous roulons entre de majestueux palmiers, des baobabs impressionnants et une foule d’impalas et de zèbres curieux. Nous scrutons l’horizon avec nos jumelles. Au loin, quatre hyènes tachetées paressent au soleil. Nous approchons lentement. Elles lèvent leur large tête et nous regardent d’un air endormi. Nous laissons les paresseuses à leur sieste et poursuivons notre route. Après quelques kilomètres, LG coupe soudain le moteur et saute du véhicule. Kago la suit. Ils examinent le sol, échangent quelques mots en setswana, puis pointent du doigt le lointain : LG a repéré la trace fraîche d’une lionne. Nous quittons la piste. Dans la végétation dense, nous découvrons une lionne magnifique, entourée de ses deux petits.

De retour au camp, autour d’un feu ouvert sous le ciel étoilé, nous dégustons des spécialités locales. Dormir en pleine nature demande un temps d’adaptation. Des bruits étranges semblent venir de partout. Beaucoup d’animaux sont actifs la nuit. J’allume la lumière plusieurs fois, jusqu’à ce que la fatigue l’emporte finalement sur l’agitation.
En safari, faire la grasse matinée n’est pas une option. À l’aube, le chant joyeux des oiseaux et les petits pas curieux des singes sur le toit de notre tente nous réveillent. Il est 5 h. Une demi-heure plus tard, on nous conduits à notre petit-déjeuner. Les sons de la brousse qui s’éveille, la lumière du matin filtrant à travers les arbres et l’odeur délicieuse du repas compensent largement cette heure matinale.
‘Le Nxabega Okavango Tented Camp, s’étend sur 25 000 hectares et n’accueille jamais plus de 18 hôtes. Difficile de faire plus exclusif’
LG et Kago nous attendent avec enthousiasme à côté de leur jeep toute propre. J’espère secrètement une rencontre rapprochée avec un éléphant, un léopard, un buffle ou un rhinocéros — quatre des Big Five (le lion, c’est fait !).
Le paysage change sans cesse. Tantôt humide et verdoyant, tantôt sec et jaune paille. La route choisie par LG est bordée de termitières géantes qui s’élèvent de plusieurs mètres. Nous longeons un lac magnifique, entouré de palmiers ondoyants. Zèbres, antilopes, phacochères, babouins et gnous viennent y étancher leur soif en paix. Le moteur s’arrête, jumelles sorties… Nous remarquons des dizaines de petites oreilles qui dépassent à peine de l’eau : des hippopotames se protégeant du soleil brûlant. Le Botswana abrite la plus grande population d’hippopotames au monde. Mais, nous prévient-on, ils sont étonnamment rapides et très agressifs. Ils émergent en soufflant et en crachant, puis replongent, tels des sous-marins lourds au ralenti.
Dans le feuillage d’un arbre, une volée d’oiseaux colorés se protège de la chaleur. Tout en haut, un fier pygargue scrute son territoire. Sur une plaine, Kago fait signe de s’arrêter. Quelques zèbres broutent paisiblement. À l’ombre, dans un lieu sûr minutieusement vérifié par les rangers, nous attend un délicieux pique-nique avec un bar entièrement équipé. Comment font-ils ? Mystère… Nous savourons du poulet grillé, des quiches, des salades et des fruits délicieusement sucrés, le tout accompagné d’un verre de rosé parfaitement frais.


L’après-midi, ceux qui le souhaitent peuvent se détendre à la piscine ou explorer le paysage en mokoro, la pirogue traditionnelle en tronc d’arbre, symbole du delta de l’Okavango. Heureusement, malgré une sécheresse exceptionnelle ces dernières semaines, le niveau de l’eau de la rivière Xudum est juste assez haut, alors nous ne laissons pas passer cette chance. À deux, nous prenons place dans la frêle embarcation. Derrière nous, le « poler » nous pousse à l’aide d’une longue perche, à la manière des gondoliers vénitiens. Le doux clapotis de l’eau et le bruissement des herbes nous plongent dans une torpeur presque méditative. Jusqu’à ce qu’un groupe d’impalas sur la rive vienne rompre le calme. Effrayés, ils s’élancent en zigzaguant à travers l’eau éclaboussée, gracieux avec leurs longues pattes fines. Le soleil atteint doucement l’horizon, teintant le ciel de toutes les nuances de rouge. « L’heure de l’apéritif », sourit LG. Des boissons fraîches surgissent de deux robustes caisses métalliques. Nous levons notre verre à cette journée riche en émotions, émerveillés par le soleil qui se noie dans l’eau scintillante.
Maman guépard
Le lendemain matin, la rando prévue est annulée : une guéparde avec ses petits a été repérée non loin. La jeep s’impose comme choix plus sûr, et augmente nos chances de les observer. Concentrés, LG et Kago scrutent attentivement les traces, la tension monte rapidement. Après une bonne demi-heure, trois têtes apparaissent derrière un buisson : la mère guéparde et ses deux petits. Plus loin, des impalas paissent, inconscients du danger imminent. « Elle va attaquer. Accroche-toi bien », murmure LG. Ce qui suit est tout simplement hallucinant. La guéparde se lance dans son sprint fulgurant, les impalas s’enfuient paniqués, zigzaguant à travers l’eau et le sable. LG appuie à fond sur l’accélérateur, et nous filons à leur poursuite, mais à distance pour ne pas perturber la chasse. L’adrénaline à son comble ! Comme si ce n’était pas assez spectaculaire, un énorme éléphant surgit soudain, que nous évitons de justesse. « On reviendra pour lui plus tard ! », s’exclame LG en riant au volant. On se croirait dans un épisode de National Geographic.


Puis la poussière retombe lentement et nous apercevons la guéparde haletante, allongée sur un bébé impala. La pauvre bête est encore vivante, mais chaque fois qu’elle respire, les crocs s’enfoncent un peu plus profondément dans sa gorge, jusqu’à ce qu’elle s’effondre finalement. Ensuite, la mère traîne sa proie sous les buissons épais pour la cacher aux autres prédateurs affamés. Épuisée mais vigilante, elle scrute les alentours à la recherche de ses petits. Contrairement au lion, la guéparde ne rugit pas ; elle émet un bref miaulement, une sorte d’appel doux qui lui permet de communiquer avec ses petits. Peu de temps après, ses deux adorables petits, affamés et frétillants, sortent précipitamment de leur cachette pour se jeter avidement sur la viande fraîche. La nature dans sa forme la plus brute et authentique. Quant à l’éléphant, il a complètement disparu, comme effacé du paysage.
Nous disons au revoir à LG, son équipe et ce lieu enchanteur. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. On nous ramène à la piste d’atterrissage. Le pilote de l’hélicoptère, Cody, nous emmène vers notre destination finale : le Sandibe Okavango Safari Lodge. Tel un insecte, nous bourdonnons vers l’ouest au-dessus de la delta. Quand Cody aperçoit au loin un troupeau d’éléphants s’abreuvant dans un point d’eau, notre hélico dessine un élégant cercle. Un « Quelle beauté ! » retentit dans nos casques.


Après une demi-heure, nous sommes de retour sur la terre ferme et accueillis avec un large sourire par le chauffeur Thuso et le pisteur José. Le lodge Sandibe, également gérée par AndBeyond, se cache profondément au cœur d’une forêt luxuriante de palmiers, figuiers, acacias et baobabs. Le hall d’accueil est spectaculaire. L’architecture organique en bois, avec des tuiles en cèdre, s’inspire du pangolin géant africain, un insectivore remarquable connu pour sa carapace écailleuse. Un ranger nous conduit à l’une des treize habitations. Hautes sur pilotis — afin de réduire au maximum l’impact sur l’environnement —, elles ressemblent davantage à des cabanes dans les arbres, mais avec tout le luxe imaginable : un immense lit à baldaquin, de magnifiques sanitaires en cuivre et une terrasse privée avec bassin, offrant une vue panoramique sur la rivière Sandibe. Ici aussi, dans cette partie du delta, la nature est exubérante, les odeurs puissantes : du parfum sec et boisé des herbes et arbustes aux notes fraîches et épicées du basilic sauvage et de la sauge. Depuis notre terrasse, je savoure ces senteurs et couleurs. En face, un couple de gracieuses girafes dévore avidement les feuilles juteuses d’un acacia. La nature sauvage m’a rarement parue aussi proche.
par Sonja Peeters images Tom Van Noten
En Pratique : safari au Botswana
Comment s’y rendre:
Ethiopian Airlines propose des vols directs quotidiens de Bruxelles à Addis-Abeba. De là, vous pouvez rejoindre plus de soixante destinations africaines, dont Maun au Botswana. À partir de 880 € aller-retour.
ethiopianairlines.com
Lodges de luxe:
• Le Sandibe Okavango Safari Lodge se niche au bord de la rivière Sandibe. Des lodges somptueusement aménagés, chacun avec piscine privée, service de majordome, dîners dans la brousse, sous un ciel étoilé ou sur votre terrasse privée. Pour ceux qui cherchent une aventure exclusive et inoubliable au cœur de l’Afrique, c’est l’endroit rêvé.
À partir de 1 596 € incluant repas et safaris. Réservation via africadona.be.
andbeyond.com
• Nxabega Okavango Tented Camp se situe dans une concession privée de 25 000 hectares, aux abords de la réserve de Moremi. Les neuf tentes safari luxueuses, installées sur des plateformes en bois sous des ébéniers, offrent chacune un lit king-size, une salle de bain spacieuse avec douche intérieure et extérieure, ainsi qu’une véranda avec vue sur le delta de la rivière. L’aménagement, élégant et naturel, mêle planchers en teck et œuvres d’art locales, renforçant l’atmosphère africaine. Le luxe sous toile, au cœur de la nature préservée du Botswana.
À partir de 1 096 € repas et safaris inclus. Réservation sur africadona.be.
andbeyond.com
Meilleure période pour voyager:
En été chez nous, la saison est sèche au Botswana dans le delta de l’Okavango, avec des températures agréables (22 à 26 °C) . Entre avril et octobre, de nombreux animaux sauvages se rassemblent autour des points d’eau.
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